mercredi 3 mars 2010

Présentation

Bonjour,
Nous sommes deux lycéens de 17 ans, en classe de 1ère ES (Economique et Sociale)au Lycée de l'Ecole des Pupilles de l'Air situé à Montbonnot, en Isère (38).
Nous présentons ce blog dans le cadre de nos Travaux Pratiques Encadrés (TPE). Notre sujet est l'Afghanistan, sujet vaste et pouvant être étudié sous de nombeux différents angles. Nous avons cependant choisi une problématique concernant notre époque, s'intitulant : "Quels sont les défis actuels des Occidentaux en Afghanistan ?"
Nous avons trouvé l'idée du Blog originale, pertinente, nous permettant ainsi de proposer diverses informations supplémentaires.
Bonne lecture, les commentaires sont les bienvenus à partir du moment d'être constructifs.
Merci =)
Maxime.

Sommaire

Prolématique : "Quels sont les défis actuels des Occidentaux en Afghanistan ?"

Introduction

I. Démocratie et Afghanistan, l'union imposible ?

II. Développement économique en territoire de guerre...

III. Terre de luttes...

Interview du Capitaine DOURLEN William

Interview du Commandant GODINI Bernard

Conclusion

Bibliographie

Remerciements

Introduction

L’Afghanistan est un pays de 652 225 km² avec 32 738 376 habitants environ. Sa population se répartit en plus de 30 ethnies différentes dans 34 provinces. Le pays compte 32 langues différentes mais deux sont officielles : le Dari et le Pashto, utilisées pour les affaires et le gouvernement. L’Afghanistan est également un pays à majorité musulmane, puisque 99% de la population a pour religion l’Islam, dont 80% de sunnites et 20% de chiites. Le sentiment national, que beaucoup de pays d’Europe et d’Amérique connaissent, est inexistant en Afghanistan. L’appartenance ethnique est très largement supérieure au sentiment national. S’ajoute à cela le paysage de l’Afghanistan qui est aux trois quarts montagneux, de 258 mètres à 7 485 mètres d’altitude, qui ne favorise pas les rapprochements possibles entres les différentes ethnies. La topographie n’arrange donc pas la naissance d’un éventuel sentiment national. L’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres au monde, se classant en 174ème position sur 178 pays. C’est un pays très jeune puisque les 0-14 ans représentent 44,6% de la population, les 15-64 ans représentent 53% et les +65 ans représentent 2,4%. De plus, la durée de vie moyenne pour un homme est de 44 ans et pour une femme de 46 ans. L’IDH (Indicateur de Développement Humain) du pays est de 0,247. Il est donc nécessaire pour les Occidentaux de développer l’éducation, l’instruction, pour enseigner aux jeunes afghans certaines valeurs démocratiques, essentielles pour les Occidentaux à une paix intérieure dans ce pays. L’Afghanistan occupe véritablement cette place de « carrefour » entre pays. C’est un carrefour énergétique, stratégique, nucléaire…

Le développement économique est essentiel afin d’éviter aux paysans afghans de devoir se soumettre à la volonté talibane : cultiver le pavot. Les paysans cultivent cette ressource pour deux raisons : une pauvreté rurale importante (le pavot est l’une des cultures les plus rentables), mais aussi par pressions talibanes, puisque le pavot sert à terme à financer les moyens de lutte des talibans (environ 40% des moyens financiers proviennent de la culture du pavot). L’Afghanistan est un territoire convoité puisqu’il est encore quasi-inexploité. Les ressources de gaz sont environ dix fois plus importantes que ce que ne le pensaient les Soviétiques lors de leur occupation du territoire afghan. L’Afghanistan est confrontée au problème du pavot, mais aussi à celui de la corruption. Celle-ci entraine un manque de confiance de la part de la population envers les institutions afghanes. Un actuel défi des Occidentaux en Afghanistan est de faire une réforme judiciaire, en formant des magistrats, mais aussi en formant l’ANA (Armée Nationale Afghane) et l’ANP (Police Nationale Afghane), qui en étant formées seraient beaucoup plus efficaces. Pour éviter que la corruption ne revienne gangréner ces institutions, les Occidentaux prévoient une hausse de salaire pour les militaires et policiers afghans, l’augmentation étant proportionnelle à la dangerosité de la zone surveillée par les forces de l’ordre. Les Occidentaux espèrent créer un sentiment de « justice » chez la population envers ses institutions, puisque celles-ci seraient beaucoup mieux formées. De plus, les ONG occidentales sont très présentes en Afghanistan, et exécutent nombre de missions indispensables à la reconstruction du pays. Développer l’éducation, l’agriculture, la reconstruction et la santé font partie des missions des ONG. Le gouvernement américain a élaboré les PRT (Provincial Reconstruction Team), équipes composées de civils et militaires, dans le but d’approcher certaines zones où les ONG ne pourraient aller, comme des zones non totalement sécurisées par exemple. Ces PRT se sont par la suite beaucoup développées. Elles permettent de montrer à la population afghane l’utilité des Occidentaux puisque les paysans peuvent directement voir le développement économique.
Elles sont composées de civils, leur mission étant d’apporter une aide humanitaire, de reconstruction mais aussi de militaires, qui effectuent un travail de sécurisation du périmètre d’action des équipes civiles. Les civils ne peuvent agir sans les militaires, et réciproquement.

Le pays a connu de nombreux troubles avant l’arrivée de l’OTAN : atrocités commises par les chefs de guerre, situation de guerre contre l’Union Soviétique… Celle-ci dura neuf ans (1979-1988). C’est durant cette guerre que le mouvement taliban naquit et prit de l’ampleur, jouissant d’un soutien populaire car celui-ci était alors fatigué de tous ces clivages et avait la volonté d’être uni politiquement. Lorsque les forces de la Coalition arrivèrent en Afghanistan fin 2001, le pouvoir des Talibans était à son apogée et un mois après, le régime était renversé. A leur arrivée en Afghanistan, les principaux buts furent de capturer Oussama Ben Laden, commanditaire des attentats du World Trade Center à New York ainsi que d’éliminer les Talibans, considérés comme une menace terroriste pour les pays d’occident. La capture d’Oussama Ben Laden devenant de plus en plus improbable, les occidentaux ont changé leur objectif principal. Ils souhaitèrent éradiquer toute tentative terroriste, mais leur priorité se tourna vers le développement économique du pays. Les Occidentaux sont présents depuis 9 ans sur le territoire afghan. Certains buts sont en voie d’acquisition, comme la formation de l’ANA. Mais les Occidentaux rencontrent aujourd’hui une résistance de plus en plus accrue, avec un regain des troupes talibanes. Comment mettre fin à ce conflit ? Plusieurs solutions furent proposées, et celle adoptée en ce moment est de « passer le témoin » aux institutions afghanes.

Nous nous demanderons quels sont les défis actuels des Occidentaux en Afghanistan. Première mission : combiner démocratie et particularités de l’Afghanistan. Une autre mission est d’éradiquer la culture du pavot en proposant aux paysans des sources de revenus autres, tout en leur instaurant un sentiment de confiance. Il ne faut pas que les paysans afghans subissent de pressions trop importantes de la part des talibans. Enfin, nous verrons quelle est la mission concernant la sécurité du territoire afghan, comment laisser plus d’autonomie aux forces de l’ordre afghanes, sans pour autant laisser les talibans plus libres.

I. Démocratie et Afghanistan, l’union impossible ?

L'Afghanistan est un pays basé sur le tribalisme, mode d'organisation de la société fondé sur différentes ethnies. Pas moins de 30 différentes ethnies sont à recenser dans le pays, chacune étant basée sur des coutumes, rites et influences différentes. Celles-ci peuvent venir du Pakistan, de Turkménistan, du monde Arabe, de l'Iran...

Les Arabes introduisirent l'Islam en Afghanistan en 651. A cette époque, l'Afghanistan, sous domination de l'Empire perse sassanide en plein effondrement, fut envahie par les armées arabes qui profitèrent de cette faiblesse pour conquérir toutes les colonies de cet Empire. Le pays a mis plus de 200 ans avant d'être totalement islamisé. La résistance exceptionnelle des shahs de Kaboul, bouddhistes à l'époque, a considérablement retardé la progression de l'Islam, Kaboul étant la capitale politique du pays, donc influente. Une région résista néanmoins pendant de nombreux siècles : la région du Nourestân. Les Nouristanis sont majoritairement musulmans seulement depuis le XIXème (1200 ans après les premières conquêtes arabes)...

Les occidentaux jouirent dans un premier temps du soutien de la population, fatiguée des exactions commises par les talibans, les heurts avec les seigneurs de guerre restants et les souvenirs sanglants de la guerre avec l'URSS... Dorénavant, les occidentaux sont de plus en plus rejetés par la population... Pourquoi ?

A. Le tribalisme, mode d'organisation sociétale

Depuis des décennies, l'Afghanistan est divisée. Sur le plan politique, avec les royalistes, et les traditionalistes, mais aussi sur le plan ethnique, et c'est là que se joue sûrement le rôle clé qui permettra un jour à ce pays de voir naitre la paix. En effet, l'Afghanistan compte de nombreuses ethnies, avec environ 38% de Pachtounes, ethnie venant du Pakistan ; les Hazara chiite ( 25% ) de l'Iran ; et les tadjikes avec l'influence russe, environ 19% (N.B : suivant les sources, les chiffres peuvent être différents). De nombreuses autres ethnies sont à recenser, avec la branche turkmène ( elle même composée de trois ethnies), la branche iranienne composée de sept ethnies et la branche indienne composée de deux ethnies...

Le mélange ethno-linguistique afghan est très complexe, d'autant que pas moins de 32 langues sont parlées à travers ce pays de 622 000 kilomètres carré. Deux sont officielles : le Dari et le Pashto, utilisées pour les affaires et le gouvernement.

Comme il est possible de le voir sur la carte ci-dessous, l'Afghanistan est un pays composé de beaucoup d'ethnies, chacune étant plus ou moins influencée par un pays... Celles-ci ne restent pas cloisonnées à l'Afghanistan, mais elles s'étalent parfois sur quelques centaines de kilomètres carrés en Afghanistan et leur majorité étant dans un autre pays ( exemple des Turkmènes majoritaires au Turkménistan et minoritaires en Afghanistan). Ces ethnies et ces différences culturelles sont essentielles à comprendre pour la pacification voulue du pays par les troupes occidentales.

L'esprit national que beaucoup de pays d'Europe connaissant est tout simplement inexistant en Afghanistan. L'appartenance ethnique prédomine largement sur l'esprit national, renforcée par une topographie accidentée, ce qui ne favorise pas la cohésion nationale. L'enjeu fondamental des occidentaux est finalement de créer un État stable où l'appartenance ethnique puisse se combiner à l'unité nationale.


Source : Diplomatie numéro 23.

De plus, l’Afghanistan est un pays composé de 34 régions, appelées plus couramment provinces. Celle-ci sont divisées en districts, équivalent aux départements français. Les provinces (carte ci-dessous) n’ont pas les mêmes coutumes, puisqu’elles ne sont pas habitées par les mêmes ethnies. Les afghans de la province de Kandahar n’ont pas la même ethnie que ceux de la province de Balkh. Chaque province a à sa tête un gouverneur, équivalent au préfet de région en France. Ils sont les représentants de l’Etat central, nommés par le président de l’Afghanistan et sont en charge de l’application des lois et des décisions prises par l’Etat. Il est intéressant de voir qu’en Afghanistan existe aussi un morcellement très précis en provinces, puisque celles-ci peuvent être tout à fait différentes quant au sujet de la présence occidentale. L’influence des talibans dans les différentes provinces est différente…


Provinces de l’Afghanistan. Source : Planète Vivante

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis la réelle création de l’Etat afghan, par l’Emir de fer, l’Afghanistan est caractérisé par trois faits marquants :
-une société très traditionnaliste qui refuse de façon chronique tout élan de modernisation. Au moment de l’invasion soviétique elle comptait près de 80% d’analphabètes. Pour l’Afghan, la transmission orale reste le principal mode de transmissions du savoir. C’est surtout une société qui n’aime pas être violentée.
-une absence de pouvoir central fort. L’histoire récente montre que le pays n’a jamais eu de pouvoir étatique fort. Le Wâli, les Khans, ou les Maleks ont toujours formé une contre-autorité face à Kaboul. Ni les rois qui se succédèrent, ni le règne de Daoud, ne purent lutter contre cette situation endémique. Enfin l’épisode des Moudjahiddines suivi de celui des Talibans ne furent que la continuité d’une périphérie peut encline à écouter le centre de décisions kabouli.
-l’importance du Qwan (lien de solidarité). Cette notion est fondamentale pour comprendre les liens de solidarité qui unissent et interagissent entre les différents groupes qui composent la société afghane. Le Qwan s’applique à un espace géographique donné, mais au sein d’une même vallée, on peut le voir se décomposer et se décliner en fonction de l’altitude où on se trouve. ».
Pages 292-293

B. Culture islamique, réelle influence sur les afghans ?

L’Afghanistan a mis plus de 200 ans à être totalement islamisée. La culture islamique s’est ancrée petit à petit, en fonction du nombre de provinces islamisées.

Le tombeau du suzerain et chef militaire afghan Sher Shah Suri, à l'origine de la route Grand Trunk Road connue sous le nom de la Grande Marche par les Européens, est enregistré par le patrimoine mondial de l'humanité de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. Certains spécialistes pensent que c’est à partir de l’enterrement de Sher Shah Suri que la culture islamique est née. Petit à petit, c’est la population qui adopta les coutumes de l’Islam.

Cependant, l'Islam ne devint religion d'état qu’à la suite d'un coup d'État de Mohammed Daoud « le prince rouge » sous la constitution de 1977, celle-ci donnant les pleins pouvoirs au président et faisant de l'Afghanistan un pays à parti unique.

Durant l'intervention militaire de l'URSS, la religion a joué un grand rôle dans la solidarité, la fraternité entre les afghans, victimes d'un conflit qu'ils ne connaissent presque pas. A la suite de l’intervention militaire soviétique, un sentiment d'injustice grandit d'où la naissance des « Moudjahidines », guerriers islamiques voulant libérer leur pays de l'occupation soviétique. Le lien unique entre afghans créé par cette occupation fonctionna puisque l'URSS se retira d'Afghanistan sous la pression des Moudjahidines quelques années plus tard en 1989. Certains chefs de guerre locaux jouèrent des rôles plus importants, comme Massoud, chef de guerre le plus connu d'Afghanistan et leader de l'Alliance du Nord, groupe armé composé principalement d'anciens Moudjahidines mais aussi de civils afghans et luttant contre les talibans (néo fondamentalistes prônant le retour à un « islam pur » et voulant appliquer par tous les moyens la loi divine) à partir de 1996, date de leur arrivée au pouvoir.

Aussi, l'Afghanistan est aujourd’hui composée de 99% de musulmans, dont 80% étant sunnites de rite hanéfite et une minorité chiite, environ 20% et surtout localiséé dans le nord et le centre du pays. La culture musulmane domine très largement en Afghanistan, la religion est essentielle dans la vie d’un musulman, et elle rapproche les civils lors de période difficile, grâce à la spiritualité. Le traditionalisme très présent en dans ce pays contribue à la transmission de normes non écrites, dîtes morales, et c’est ce qui fait la culture afghane, à travers les générations.

Les occidentaux doivent donc combiner leurs missions avec le respect de la religion et du mode de vie afghan. De ce fait, les occidentaux respectent les heures de prière en ne gênant pas la pratique du culte, par exemple. La religion occupe une place très importante dans la vie d’un afghan (voir photographie ci-dessous).


Femmes à la mosquée, couverte de leur voile intégral. Source : NouvelObs.com

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« A ce stade de la réflexion, face au problème polémologique posé par la situation en Afghanistan, il faut bien admettre que les armées sont dépourvues de doctrine, de stratégie, de tactique, voire de philosophie de penser. En effet, face au terrorisme islamiste, au réseau des insurgés afghans, aux Talibans ou aux poseurs d’IED (explosif improvisé), qui d’entre nous s’efforce quotidiennement de chercher à comprendre les schémas mentaux de l’Islam, du Coran, des propos des Frères musulmans ou des prêches de l’Ayatollah Khomeiny ? Alors que ces éléments sont sous-jacents à nos sociétés occidentales, ils sont trop souvent rejetés du cadre didactique des écoles militaires » Page 258.

C. Une volonté de démocratie contestée

La démocratie se heurte à une discréditation de la part des insurgés. En effet, ceux-ci cachés dans les montagnes, utilisent les « bavures » occidentales pour endiguer la volonté d’augmentation d’influence des Occidentaux. De plus, les talibans essayent de gagner les esprits de la population, notamment grâce à la propagande, en faisant croire par exemple que la démocratie ne résoudrait aucun problème… La démocratie que nous connaissons actuellement en occident est-elle la solution des problèmes afghans ? Il faut prendre en compte les particularités du territoire et de la culture afghane afin d’essayer de mettre en place une démocratie. Les différentes ethnies doivent être entendues puisque l’appartenance ethnique est pour un afghan très importante. La langue ne doit plus représenter un obstacle. Pour cela, il faut tavailler à la mise en place d’interprètes ou de traducteurs. Un afghan non informé des volontés démocratiques des Occidentaux ne comprendra pas ces changements et dans son doute et sa peur, se tournera vers les talibans.

La volonté des Occidentaux d'instaurer une démocratie avec des elctions libres suscite des discussions, débats, dans les pays Occidentaux. On le voit sur la vidéo d'un débat de France 24, Afghanistan, l'impasse ? http://www.france24.com/fr/20090803-wbfrdebat19h10m090803flv-afghanistan-elections-afghanes-otan

Les forces de la coalition, avec les directives récentes, veulent « inverser la vapeur » et tout faire pour que le gouvernement Afghan et les différents leviers comme l’armée, la police, l’administration ou d’autres gagnent la confiance des Afghans.

En Afghanistan interviennent également des Sociétés Militaires Privées (SMP). Ce sont des mercenaires. Leur rôle dépend de leurs clients mais ils ne sont généralement pas favorables à une stabilisation des conflits, puisqu’ils bénéficient financièrement de la dangerosité du conflit. Leurs effectifs déployés en Afghanistan représentent entre 130 000 et 160 000 hommes, faisant de l’Afghanistan le deuxième théâtre d’opération de ces sociétés derrière l’Irak.

Parmi ces sociétés, les plus connues sont : Xe (Blackwater), DynCorp, Military Professional Ressources Inc (MPRI), Kellogg Brown and Root (KBR) qui sont regroupées au sein de la Private Security Companies of Afghanistan. Leur activité a besoin d’une grande partie de l’argent destinée à la reconstruction de l’Armée Nationale Afghane (ANA).

Malgré leur mission de reconstruction de l’ANA, les mercenaires (voir photographie ci-dessous) n’ont pas la volonté d’une amélioration quelconque dans le pays : « Les armées américaine, britannique et autres sont ici pour gagner une guerre. Pour nous, plus la situation sécuritaire se détériore, mieux c’est », expliquait un contractuel britannique, cela ne va pas dans le sens d’une stabilisation du conflit et d’une paix proche en Afghanistan.

L’effet est ravageur pour la population : « la population afghane ne sait pas reconnaitre un soldat de la FIAS d’un contractor, observe un membre du Parlement afghan. La confusion est simple et elle ne profite pas à la coalition, compte tenu du comportement souvent très agressif de ces combattants privés ». Alors que la mission des SMP est d’aider la coalition au développement du pays, ceux-ci préfèrent semer la peur pour ainsi faire des bénéfices (plus la situation est dangereuse voire périlleuse et plus ils gagnent de l’argent, contrairement aux soldats de l’armée).

On ne peut combiner volonté de paix intérieure en Afghanistan lorsque ces soldats cassent finalement le travail occidental. Si la volonté du gouvernement américain est de laisser ces sociétés privées en Afghanistan, nous pensons qu’il est nécessaire de les former, et de leur faire comprendre que le conflit afghan est différent, de part ses particularités.


Soldats d’une société privée. Source : Geostratos, le centre francophone d’information et d’étude géopolitique contemporaine.

Comment combattre un mouvement insurrectionnel et légitimer cette action lorsque les pays de la force d’intervention, représentant l’Organisation des Nations Unis (ONU) emploient des mercenaires dont la motivation n’est pas forcément celle d’un retour à la paix ?

Le fait que ces sociétés soient toujours en Afghanistan s’explique par leur connaissance approfondie du théâtre afghan, puisque ces mercenaires sont issus de missions longues de deux à quatre ans. Une expérience unique que les états-majors veulent utiliser car leurs missions n’excèdent pas six mois en général.

Il faut ajouter à cela le fait que, selon les sources officielles du Ministère de la défense français, le budget alloué à la société MPRI (Military Professional Ressources Inc) pour la rédaction du règlement militaire de l’armée afghane atteint 200 millions de dollars (soit 140 millions d’euros) ; pour l’entrainement des forces de l’ANA, il en coûte environ 1,18 milliard d’euros.

Les SMP n’ont donc aucun intérêt à une stabilisation de la situation et à ce que l’« afghanisation » de l’ANA fonctionne, c’est-à-dire à ce que l’armée afghane devienne autonome et que la mission de la coalition soit de moins en moins utile : cela diminuerait d’autant la nécessité en agents contractuels (soldats privés) et irait logiquement à l’encontre de leurs intérêts au niveau financier.

Le problème afghan doit se résoudre sur un plan national, en essayant de créer un sentiment national entre afghans. Celà n'est pas simple, les afghans étant peu nombreux à connaître l'Hymne National Afghan, par exemple.

Hymne National Afghan :

So Che Da Mezaka Asman Wee
So Che Da Jahan Wadan Wee
So Che Jowand Pa De Jahan Wee
So Che Pati Yaw Afghan Wee
Tel Ba Da Afghanistan Wee
Tel De Wee Afghanistan Melat
Tel De Wee Jumhouriat
Tel De Wee Meli Wahdat
Tel De Wee Afghan Meli Jumhouriat
Tel De Wee Afghan Mellat Jumhouriat Meli Wahdat - Meli Wahdat

Traduction en français
Aussi longtemps qu'il y aura la Terre et les Cieux
Aussi longtemps que le monde durera
Aussi longtemps qu'il y aura de la vie dans le monde
Aussi longtemps qu'il y aura un seul souffle afghan
Il y aura cet Afghanistan.
Longue vie à la Nation afghane.
Longue vie à la République.
Notre unité sera pour toujours
Pour toujours seront la Nation afghane et la République.
Pour toujours seront la Nation afghane, la République et l'Unité nationale - l'Unité nationale.

Pour écouter l'hymne afghan, se rendre sur :
http://www.globe-netter.com/pays/afghanistan/hymne.php

Cependant, certains succès concernant la volonté de démocratie sont notables :
•70% des afghans ont voté lors de l'élection présidentielle de 2004.
•Un Parlement fut élu en 2005.
•Une constitution adoptée en 2004 protégeant les droits de l'Homme et de la Femme
•La mise en œuvre de conseils paritaires mixtes dans plus de 20 000 villages.
•Le Parlement afghan compte désormais 27% de femmes.
•Une loi garantissant la liberté d'expression : il existe désormais plus de 400journaux (voir photographie ci-dessous), 80 radios, plus de 30 chaines de télévisions.


Afghan regardant les journaux à la suite du premier tour des élections. Source : cyberpresse.ca

II. Développement économique en territoire de guerre…

L'Afghanistan est au cœur de multiples enjeux des puissances internationales puisque c’est un carrefour stratégique.

Le pavot et la corruption, gangrénant l’Afghanistan depuis des décennies, sont finalement à la source de problèmes économiques donc politique, puisque la narco-économie finance les réseaux islamistes internationaux, mêlant parfois des politiques. On assiste donc à de la corruption, d’où une absence de confiance générale envers les politiques de la part de la population. Pour lutter contre ce problème de la narco économie, les Occidentaux ont développé certaines cultures, rentables pour les paysans, qui endiguent de facto l’influence des Talibans, ceux-ci ne pouvant donc plus compter sur des revenus nécessaires à leur guérilla.

Pour développer ces nouvelles cultures, beaucoup d’ONG françaises sont présentes en Afghanistan. Leur principal but est d’aider la population, de la soigner ou encore de leur fournir une aide matérielle (nourriture par exemple). Les équipes de reconstructions sont présentes dans le but d’aider à la reconstruction proprement dite ou à la réhabilitation de bâtiments.

A. Un territoire convoité

L'Afghanistan est un carrefour stratégico-nucléaire aux enjeux énergétiques. Pourquoi ?

L'Afghanistan occupe une position centrale entre le Proche-Orient et l'Asie du sud d'une part ainsi qu'entre l'Asie centrale et l'océan Indien d'autre part (voir carte ci-dessous).


Planisphère montrant l’Afghanistan (en rouge). Source : LCPAN.fr (La Chaine Parlementaire Assemblée Nationale).

Il est pertinent de noter que l’Afghanistan occupe une position stratégique, puisqu’elle pourrait faire face à ses problèmes de culture de pavot en développant ses propres ressources.

Ce positionnement géographique donne à l'Afghanistan une situation stratégique pour le transit de l'approvisionnement énergétique (voir carte ci-dessous).

C'est aussi un carrefour énergétique, puisque beaucoup de ses voisins possèdent de nombreux gisements pétroliers ou gaziers. Mais le plus important reste son territoire, quasi inexploité jusqu'à aujourd'hui. En effet, il regorge de ressources énergétiques considérables encore inexploitées. Le pays possède environ 90 fois plus de pétrole que ne le pensaient les soviétiques. Des experts internationaux considèrent aussi que les gisements de gaz naturels sont encore méconnus pour certains puisque les chiffres ne concernent que le nord et l'ouest du pays, qui possèdent une réserve d'environ 2 520 mètres cubes Actuellement, certaines nouvelles poches sont en train d'être découvertes. Certaines entreprises commencent dès aujourd'hui à s'installer à Kaboul (Total, Unocal...), espérant remporter des appels d'offres du gouvernement. Vous l'aurez compris, les intérêts énergétiques ne sont pas minimes en Afghanistan, et nombre d'États voisins de l'Afghanistan ainsi que de grandes puissances internationales portent un très net intérêt sur l'évolution du pays.

De plus, c'est un carrefour stratégique puisque c'est une « frontière » entre les pays accueillant une ou plusieurs bases américaines (comme la Turquie, le Pakistan, ou les pays du Moyen-Orient...), et ceux accueillant des bases russes (comme l'Arménie, le Tadjikistan...). Les tensions sont de facto réelles aux frontières afghanes.

Un carrefour nucléaire aussi, puisque certains de ses voisins possèdent l'arme nucléaire, comme le Pakistan, l'Inde, la Russie, la Chine, ou Israël. Un autre de ses voisins est soupçonné d'être actuellement à la recherche de l'arme atomique, ce qui lui est interdit : l'Iran.

Enfin, c'est un carrefour de tensions étant donné les nombreux conflits internes ou non existant dans cette zone du monde : en Irak, Afghanistan, Pakistan...


L’Afghanistan : Carrefour stratégico-nucléaire. Source : Diplomatie numéro 23.

B. Lutter contre la corruption et le pavot, pour créer une économie « saine »

Les paysans, très faiblement rémunérés, sont à la base d'un problème majeur en Afghanistan : la culture du pavot. Celle-ci est favorisée par la corruption, dont les institutions afghanes sont victimes.

La corruption, combinée à la drogue, est « un cancer pour l'Afghanistan » pour le commandant Daoud, ministre afghan en charge de la lutte contre la drogue. La corruption est un bon moyen pour les policiers ou autres institutions de gagner plus d'argent, dans un pays où le salaire moyen des policiers et miliaires était de 100$ par mois.

Mais le ministre de l'intérieur Mohammad Hanif Atmar, conscient du problème, a annoncé dans un communiqué de presse datant de fin novembre 2009 que ce salaire serait augmenté de 40$ pour les forces de sécurité travaillant dans les zones les moins dangereuses et de 75$ pour ceux travaillant dans les plus dangereuses. Celui des soldats devrait l'être également, d'après le ministre de la défense. Les États-Unis, finançant actuellement le salaire des forces armées afghanes, prendront en charge cette augmentation pendant un an, et l'OTAN prendra ensuite en charge cette dépense. « Cette augmentation va aider à renforcer le moral des policiers et réduire la corruption ainsi qu'à attirer de nouvelles recrues » a déclaré Mohammad Hanif Atmar. Selon lui, il est aussi nécessaire d'augmenter les effectifs de l'armée et police afghanes, en passant à l'heure d'aujourd'hui de 94000 militaires et 68000 policiers à 137000 soldats et 97000 policiers en octobre 2010. Ce n'est qu'encore un projet, mais très ambitieux selon certains diplomates et spécialistes des questions militaires, ce qui entraine beaucoup de scepticisme.

La corruption est un bon moyen pour les policiers ou autres institutions de gagner plus d'argent.


Policier afghan surveillant une rue. Source : actualite.portail.free

L'augmentation des salaires permettrait moins de désertion (d’où un afflux moins important des anciens militaires afghans vers les talibans), moins de corruption résultant à un respect plus profond des lois par les forces de l'ordre ainsi qu’un certain respect pour l'OTAN et les États-Unis qui leur fournissent ces augmentations de salaire, d'où moins de consommation de drogue. Environ 15% des soldats afghans en consomment selon le général allemand Egon Ramms, commandant de l'état-major allié inter-armées. L’augmentation des salaires permettrait des résultats certains.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’année 2006, l’état-major de CSTC-A (Combined Security Transition Command in Afghanistan) a entrepris une réforme complète de l’ANP (Police Nationale Afghane). La Police Européenne, EU Pol, est devenue, au mois de janvier 2007, un partenaire de CSTC-A pour former la police afghane. Au cœur de la sécurisation du pays, l’action de la police de la nation hôte doit jouer un rôle clé. En effet, selon le FM 3-24 (manuel de contre-insurrection de l’US Army), « the primary frontline COIN force is often the police – not the military ». Cette réforme globale repose prioritairement sur la réorganisation du ministère de l’Intérieur afghan, une réforme des grades et des salaires, la parité des salaires entre la police et l’armée, la mise en place d’un système électronique pour payer les policiers, un système d’identification infalsifiable des personnels et l’installation d’un système biométrique. La trame de fond de cette réforme est la lutte contre la corruption de la police afghane. » Pages 332-333.

Pour faire face à la corruption, une réforme judiciaire fut également mise en place. Cette réforme judiciaire a déjà commencé, en formant des magistrats afghans et en codifiant les lois. Étant dans un pays majoritairement rural et peu développé, les lois sont souvent « transmises » de génération en génération, ce sont des lois orales. La codification des lois permet donc une plus grande facilité à faire appliquer les règles. Les occidentaux appuient la mise en place du Parlement, qui permettrait d'avoir une vie politique afghane réelle et non gangrénée par la corruption.

Les efforts de formation des magistrats, des codifications de lois, permettront ils d'aboutir au système judiciaire tant attendu ? A voir, la corruption étant toujours présente et constituant toujours un fléau majeur, puisqu'elle empêche l'application de la loi et permet aux trafiquants de drogue ou autres insurgés influents de rester libres, non punis. Et pourtant, le gouvernement afghan a promulgué des lois pour lutter contre cette corruption, mais comment changer des habitudes vieilles de plusieurs siècles avec de simples lois...?

De plus, l'argent apporté par le pavot est le plus important moyen de financement des talibans. Ceux-ci, nécessitant beaucoup d'argent afin de financer leur lutte contre le pouvoir en place, doivent acheter des armes et fournir des équipements. Ils nécessitent aussi le soutien des chefs de village. Dans un pays gangréné par la corruption, il n'est pas difficile de trouver comment s'approprier le soutien d'un village : donner de l'argent au chef. Les paysans, aussi y voient leur bénéfice. En effet, la culture du pavot leur ramène environ trois fois plus d'argent que les céréales, denrée alimentaire très importante. Sachant que le salaire moyen en Afghanistan est de l'ordre de 60$ par mois, le pavot peut facilement rapporter 300$ par mois à une famille le cultivant... Les talibans, faisant pression sur les paysans afin qu'ils arrêtent leur culture familiale de céréales, réussissent à les embrigader et la plupart finit par cultiver le pavot. Celui-ci rapporte plus d'argent aux paysans, mais il contribue aussi à fournir de l'argent aux talibans, et par extrapolation aux différents réseaux internationaux islamistes…


Afghan fumant de l’opium. Source : 20minutes.fr

En 2006, le pays fut le premier producteur mondial d'opium avec 6100 tonnes produites, tout comme en 2008 avec 7700 tonnes. Cet État arrive à produire plus de 80% de la base de l'héroïne mondiale.


Afghans cultivant le pavot. Source : L’express.fr

Comme on le voit sur la carte ci-dessous, les « Croissants d’or » sont nombreux en Afghanistan ( principales zones de culture du pavot). L’Iran a édifié un dispositif anti-drogue aux alentours de sa frontière avec l’Afghanistan, afin de lutter contre l’influence de ces cultures qui pourraient par la suite, si rien n’est fait, gangréner l’Iran.


Source : Diplomatie numéro 23.

Pour cette raison, et pour lutter contre les flux financiers dont les récepteurs sont les talibans et les réseaux islamistes internationaux, les occidentaux ont essayé de développer la prévention auprès des paysans, ceci dans le but de créer de nouvelles cultures dans d'autres secteurs et donc de lutter contre l'économie des talibans, pour les affaiblir...

Vous l’aurez compris, les paysans afghans cultivent le pavot par pression des talibans d'une part, mais aussi parce qu'il y a une vraie pauvreté rurale donc un manque de revenus, comme le soutient l'expert de la FAO (Food and Agriculture Organization) Angelika Schückler.

Pour lutter contre ce fléau de la drogue, il est nécessaire de proposer aux paysans plusieurs alternatives agricoles qui leur permettraient de gagner de l'argent sans le pavot. L'objectif de la FAO est simple ; il faut réhabiliter les infrastructures agricoles dans les zones majoritairement touchées par la culture du pavot, relancer l'horticulture (production de plantes), l'élevage, ceci dans le but de créer des ressources alternatives pour les paysans, les travailleurs sans terre en ce qui concerne l'élevage. Il faut éviter l'affaiblissement d'un groupe de paysans car s'il est vulnérable, il se tournera alors vers la solution de facilité : la culture du pavot.

Plusieurs interventions sont envisagées par le FAO, comme la remise en état des pépinières pour répondre à la très forte augmentation de la demande en plants et semences, ou un accès plus simple et surtout moins coûteux aux intrants pour les vergers, à l'irrigation, au bétail, à la formation qui devient indispensable, et aussi au crédit. Le microcrédit en est-il la solution ? Sa réussite serait elle indiscutable comme au Bangladesh ? « La réhabilitation des infrastructures, des services sanitaires et éducatifs doit être effectuée » a ajouté Angelika Schückler. La réparation des points d'eau et puits, certains ensablés à Kandahar, devient essentielle afin de mieux irriguer les vergers.

De plus, les femmes, jouant un rôle très restreint sous le joug des talibans, pourraient être très utiles, elles pourraient améliorer considérablement la productivité et l'élevage si elles avaient un meilleur accès aux services vétérinaires. Comment ? Afin de générer de meilleurs revenues aux femmes et à la famille, le projet testé, très réussi, est de développer les projets avicoles (l'élevage d'oiseaux et de volailles). Cela s'avère pertinent, la femme pouvant travailler et contribuer aux revenus de la famille.

Un programme d'intensification de la production horticole par la formation des exploitants de vergers aux technologies post-récolte et de la gestion des installations de stockage a également été proposé par la FAO. En ce qui concerne le crédit, les éleveurs devraient y avoir accès afin d'acheter des moutons et chaque province devrait posséder un broyeur de fourrage. En collaboration avec les communautés d'agriculteurs, plusieurs sortes de cultures adaptées à l'environnement du pays devraient naître, avec notamment la récolte intensive d'herbes et épices, le développement de la sériciculture (élevage de ver à soie, lui même la chenille d'un papillon), ou encore le développement de l'extraction des huiles essentielles, économie se développant grâce à la demande occidentale de plus en plus forte en produit cosmétique. Certains emplois innovateurs pour le pays pourraient naître, avec notamment un programme de reforestation qui permettrait par ailleurs de contribuer aux efforts écologiques, des centres de traitement de fruits et légumes, la collecte et transformation des produits de l'élevage tels le lait ou les œufs, la promotions de la pêche...

La culture du pavot représente un obstacle à ces nouvelles cultures proposées par les occidentaux, et ceux-ci doivent de fait proposer des sources de revenus rentables pour les paysans, qui iront alors vers cette solution, ce qui fragilisera par la suite le réseau financier des talibans. Les espoirs sont nombreux, puisque nombre de paysans bénéficient désormais de l’aide des ONG françaises par exemple, présentes en Afghanistan.

Les cultures comme le blé ou autres céréales augmentent désormais, parsemant d’embuches la stratégie talibane : développer la culture du pavot. Ceci peut se voir sur le graphique ci-dessous, où les hectares consacrés à la culture du pavot sont en nette diminution sur l’année 2008 par rapport à l’année précédente.


Source : ONUDC (Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime).

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Les britanniques, pour leur part, considèrent comme l’UE (Union Européenne) que les problèmes posés par la drogue ne peuvent s’envisager indépendamment des autres aspects de la politique de reconstruction de la nation afghane. La stratégie qu’ils préconisent doit inclure, bien sûr la répression mais aussi la prévention de la toxicomanie, le rôle de la femme, la formation des services de douane et de police, la compétence des juges, etc. Elle enjoint à la coordination internationale des programmes alternatifs qui doivent non seulement éviter l’écueil d’une approche sectorielle ou à court terme vouée à l’échec tout en étant capable de fournir une aide immédiate en nourriture et dans l’emploi intensif de la main-d’œuvre. Cela semble relever d’une gageure car les bailleurs sont d’abord américains et ces derniers ont d’abord une vision répressive du problème de la drogue en Afghanistan. D’abord marginaux (60 millions de dollars US en 2002), les crédits consacrés à la lutte anti-drogue par les EUA (Etats-Unis d’Amérique) ont augmenté très rapidement dans la crainte que les profits tirés de l’excellence de la récolte d’opium de 2004 n’aillent alimenter les fonds des insurgés (budget supérieur à 750 millions de dollars US pour la période 2004-2005). » Pages 257-258.


C. Aide internationale, atout indispensable

Peu de temps après la chute du régime taliban, les troupes de la coalition telles que la France, l'Italie, l'Allemagne, le Canada arrivèrent en Afghanistan pour commencer différentes missions humanitaires.

Le gouvernement afghan a élaboré une stratégie nationale dans le but de s'attaquer à des problèmes profonds, aux enjeux majeurs dans l'instabilité politique ou sociale du pays. Ainsi, l'ADNS (stratégie nationale du développement de l'Afghanistan) naquit, afin de régler des problèmes comme la réforme judiciaire.

Cette stratégie est fondée sur certains objectifs pour le développement des Nations Unies et constitue un document clé dans la réduction de la pauvreté.

L'ADNS se divise en trois piliers d'activité :
•La sécurité
•La gouvernance, l'État de droit et les droits humains
•Le développement économique et social

Cette division en différents secteurs d'activité facilite la catégorisation des besoins et facilite d'autre part le travail des ONG, donateurs, organisations internationales...

Les ONG telles Médecins du Monde ou La Croix Rouge sont très nombreuses en Afghanistan, et effectuent des missions très précises et indispensables au développement économique ou social de l’Afghanistan. Leurs actions en matière d'aide alimentaire sont nombreuses. Les domaines d’intervention des ONG sont : l’éducation, la santé, l’agriculture, la reconstruction. Lutter contre la malnutrition ou tous les problèmes liés à l’insuffisance alimentaire que rencontre la population est un de leurs objectifs. Comme l’a récemment dit le Docteur G.Causse, membre de Médecins du Monde, lors d’une conférence datant du 20 janvier 2010, les objectifs humanitaires étant sous le « champ d’action » des ONG sont vastes. L’aide à la population sur le plan alimentaire, promouvoir le développement économique avec notamment l’installation de puits, l’achat de machines agricoles servant aux villages afghans, encourager l’ascension au savoir et aux études afin de former de futurs citoyens cultivés dans le but d’avoir une future élite afghane, aider au respect des Droits de l’Homme... Environ 18 ONG sont présentes en Afghanistan, dans 28 provinces, avec l’aide de collaborateurs afghans. 175 000 afghans furent formés par les ONG occidentales, afin de prendre le relai lorsque celles-ci partiront d’Afghanistan. Un chiffre est très significatif : un tiers de la population est approché grâce aux ONG, ce qui prouve bien leurs compétences et leur professionnalisme.

Développer l'éducation et les écoles fait partie intégrante du travail des différentes ONG, certaines plus ou moins spécialisées dans ce type d’aide. Ainsi, les garçons et les filles peuvent s'instruire et se préparer à développer leur pays. Mais se pose encore un problème : la culture talibane est très stricte quant au sort des filles à l'école, ou même au sort de la Femme en général... Aujourd’hui encore, le sort de la femme ne s’améliore pas, la culture talibane, islamique, ayant toujours un impact sur la société. Ainsi, la peur imprègne vraiment le pays puisque la population n'ose pas s’opposer à la volonté des talibans. Pour ceux-ci, l'éducation devrait être exclusivement réservée aux garçons. De plus, les talibans refusent tout compromis avec la population ou avec l'OTAN sur le sujet des écoles. Ainsi, ils n'en veulent pas, au sens occidental du terme qu'ils qualifient d' « imitation occidentale » . Pourquoi ? Il faut savoir que les talibans ne désirent qu'exclusivement des madrasas ou écoles coraniques où les jeunes garçons apprennent le Coran par cœur. Les enfants croient ce que leur disent les adultes ou chefs de village. Ils sont donc des cibles faciles pour les talibans, qui les utilisent aussi en tant qu'enfant soldat... En effet, les talibans leur donnent certaines idées religieuses voire fanatiques, par exemple que l'attentat suicide contre des soldats est un acte de bravoure, que mourir en martyr est la chose qui peut leur arriver de mieux. Ils veulent influencer les enfants en leur donnant des idées contre les occidentaux , leur inculquer la haine contre les soldats de l'OTAN et plus généralement contre les occidentaux, ceux-ci étant qualifiés « d'impurs » par les talibans. Ainsi, les enfants sont prêts à mourir en kamikaze. Ils s'ingèrent des substances explosives ou portent des gilets d'explosifs destinés aux attentats. Le but des occidentaux en matière d’éducation est donc de former des écoles où les filles aussi peuvent étudier, comme nous pouvons le voir sur la photographie ci-dessous.


Jeune fille afghane étudiant à l’école (ce qui n’aurait jamais été le cas sous le joug taliban). Source : Le blog : La Chaine de L’Espoir.

Réparer le systèm éducatif afghan, vidéo de France 24 : http://www.youtube.com/watch?v=XoQ7ljAZPw0
Comme on le voit sur cette vidéo, le système éducatif afghan est encore trop peu développé. Grace à la lutte contre la corruption est aux différentes réformes débutantes, les Occidentaux espèrent avoir des classes moins nombreuses, et pouvoir mieux payer les professeurs.

Les efforts liés à la santé sont nombreux, comme la création de l'Institut médical français pour l'enfant de Kaboul, projet de réhabilitation du système de transfusion sanguine, coopération hospitalo-universitaire, c'est à dire de créer une coopération dans la formation de futurs médecins afghans, tout en aidant les blessés afghans en les prenant en charge (photographie ci-dessous). La construction de bâtiments destinés à faire accoucher les femmes est nécessaire et a désormais commencé. Pour une femme en Afghanistan, être enceinte est très dangereux : 60 000 femmes meurent chaque année en accouchant, puisqu’elles n’ont pas accès aux soins nécessaires.


Enfants afghans soignés à l’aide de l’aide française. Source : Le blog : La Chaine de l’Espoir.

Pakistan : à Peshawar, l’hôpital de la Croix-Rouge est saturé, vidéo de France 24 : http://www.dailymotion.com/video/x9d51f_pakistan-a-peshawar-lhopital-de-la_news.
Comme on le voit sur cette vidéo, les blessés à la frontière afghano-pakistannaise doivent aller dans les hôpitaux de campagne au Pakistan, vers la frontière (ici, à Peshawar). Ces hôpitaux sont surpeuplés et ne peuvent accueillir de victimes supplémentaires.

Le lancement de nouvelles cultures, le développement notamment de l'horticulture, la relance de la filière cotonnière ou encore le développement des cultures standards comme le blé (photographie ci-dessous), font partie intégrante des missions des occidentaux, ceci dans le but de favoriser l'éradication des cultures de pavot.


Paysans afghans cultivant le blé. Source : FAO.

Le développement du secteur privé est aussi de mise puisqu'il y a déjà des programmes de financement du microcrédit pour encourager l'activité locale. Le microcrédit est un accès à un faible crédit afin d'encourager les artisans à concrétiser leurs microprojets, ceci dans le but de favoriser l'activité, donc la création de richesses (pour plus d'informations sur le microcrédit, lire Vers un monde sans pauvreté de Muhammad Yunnus, prix Nobel de la paix 2006).

La sauvegarde du patrimoine culturel afghan est très important puisque ce patrimoine sert, ou servira, de rassemblement culturel pour les afghans se cherchant une identité nationale. La moitié de la population a moins de 15 ans, ce qui met en évidence l’utilité de la sauvegarde d’un patrimoine commun à tous les afghans. Les statues géantes de Bouddhas de Bamiyan furent dynamitées par les talibans au nom de l'iconoclasme (destruction de représentations religieuses), comme nous le voyons ci-dessous et toutes formes de représentations animales ou humaines furent détruites dans les musées. Pour la culture, c’est un drame.


Une statue géante de Bouddhas de Bamiyan, aujourd’hui détruite. Source : routard.com

Aussi, l'administration américaine a conçu, d'abord dans le cadre de l'OEF (Operation Enduring Freedom) puis de la FIAS, des équipes de reconstructions provinciales : PRT (Provincial Reconstruction Team). Ces PRT sont les moteurs de la reconstruction puisque la population peut évaluer directement l'amélioration de ses conditions de vie. Composées d'équipes civilo-militaires, les PRT sont multinationales et multidisciplinaires, toujours organisées autour de forces terrestres qui en constituent le noyau. L’intervention militaire doit se faire en amont d’une intervention d’ONG par exemple car il est nécessaire de sécuriser la zone à reconstruire. Réciproquement, l’intervention de militaires ou de forces armées doit se faire en compagnie d’équipes civiles (médecins, infirmiers …), afin de montrer à la population, qu’Occidentaux ne riment pas avec militaires, mais bien avec reconstruction. Par leurs actions, les PRT permettent de maintenir la population dans un esprit favorable à l'intervention étrangère, ce qui est très important pour les occidentaux. Ces PRT ont un travail plus en amont que les ONG, puisque les PRT interviennent dans certaines zones non totalement sécurisées, alors que les ONG essayent, même si ce n’est pas toujours le cas, d’intervenir dans un climat de sécurité.


Enfants afghans attendant de l’aide de la part des Occidentaux. Source : Cercle de coopération.

Reconstruire les habitations (photographie ci-dessous) fait partie des missions de ces PRT, afin de créer un véritable climat d'apaisement et de lutter contre la misère, gangrenant ce pays en guerre.


Aide des occidentaux auprès des pour la reconstruction de leurs habitations (ici, après un séisme). Source : Blog ouvert sur l’actualité

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’année 2009, une version complémentaire des PRT (équipe de reconstruction provinciales) est mise en œuvre. Sa vocation est d’aider au développement de projets agricoles permettant à la fois d’offrir une alternative à la culture du pavot d’où sera extrait l’opium, de réduire la pauvreté dans les campagnes et de développer une économie de marché. Ces projets pilotes sont d’origine US et mis en œuvre par la Garde Nationale sur la base de partenariat entre les provinces afghanes et différents états US et notamment de leurs universités. C’est dans ce type de projet que l’on mesure l’investissement de la nation américaine. Certains Afghans sont ainsi envoyés dans les universités américaines où ils sont formés ou remis à niveau sur des techniques agricoles qui ont été perdues pendant les années de guerre. Ils regagnent ensuite leur pays pour relancer des activités dont ils ont acquis la maitrise. » Page 403.

Les ONG et PRT connaissent certains succès désormais chiffrés :
•Le taux de mortalité infantile a diminué de 25% par rapport à 2001 : 40 000 enfants sauvés chaque année.
•Plus de 10 000 personnels de santé ont été formés, dont 50% de femmes.
•Plus de 20% de la population a maintenant accès à l'eau potable, grâce à la réalisation de 10 000 points d'eau.
•Près de 6 millions d'enfants sont aujourd'hui scolarisés, dont un tiers de filles.
•3 600 écoles ont été construites depuis 2001 (voir photographie ci-dessous).
•Plus de 13 000 km de routes ont été réhabilités depuis 2001.
•La production d'électricité a triplé depuis 2002.
•Le développement économique s'est accru : le dynamisme des services et bâtiments a permis une hausse de la croissance économique.
•Une augmentation du PIB afghan de 70% depuis 2001.
•Un redémarrage économique marqué par la production agricole : blé, coton, safran ...
•5 millions de réfugiés sont rentrés en 2005.

L'aide française sera augmentée au cours des trois prochaines années, avec une priorité mise sur l'agriculture, l'éducation et la santé afin d'améliorer les conditions de vie de la population afghane.


Afghan étudiant dans une école spécialisée dans l’agriculture, construite par les Occidentaux. Sources : L’Express.fr

III. Terre de lutte…

La première phase de l'intervention en Afghanistan fut le fait d'une coalition menée par les États-Unis, l'OEF ( Opération Enduring Freedom, ou Liberté Immuable ). Rapidement, l'OEF est soutenue puis relayée par une opération menée par l'OTAN, la FIAS ( Force Internationale d'Assistance et de Sécurité ).

L’actuelle volonté des gouvernements Occidentaux est de laisser plus d’autonomie aux afghans, sans cependant aller trop vite au risque de revoir les talibans au pouvoir lorsque les Occidentaux seront partis.

Malgré les efforts de la FIAS et des Américains, les Afghans contestent dorénavant majoritairement la présence militaire occidentale. La menace islamiste s’intensifie depuis 2005, les Américains renforcent leurs effectifs en 2009, en tentant d’éliminer les bases arrière au Pakistan.

A. Les forces occidentales en Afghanistan

L'opération « Enduring Freedom » débuta le 7 octobre 2001. Les principaux objectifs de cette mission furent de lutter contre le régime des talibans en Afghanistan et contre les bases terroristes implantées dans ce pays. Les Américains lancèrent des vagues de bombardements, afin de déloger les talibans des villes, mais soutinrent aussi l'avancée de l'Alliance du Nord au sol, commandée par Massoud. Le 13 novembre 2001, l'Alliance du Nord prit Kaboul. Les talibans durent se réfugier dans les montagnes et se cacher pour mener leur action de lutte en guérilla.

A la suite de la perte du pouvoir central des talibans, une conférence fut organisée, afin d'aboutir à un accord sur le processus de reconstruction du pays. Les accords de Bonn furent conclus et signés en décembre 2001, prévoyant trois phases pour stabiliser la scène politique afghane : création d'un gouvernement de transition, adoption d'une nouvelle constitution et des élections présidentielles et législatives. Le président, pour la première fois élu au suffrage universel pour une durée de 5 ans, exerça les fonctions de chef de l'État et de gouvernement, mais son pouvoir était largement contrôlé par le Parlement ( La Wolesi djirga peut destituer le président).

Cependant, les objectifs de l'OEF ont évolués puisque la mise en place de la FIAS (Force Internationale d’Assistance à la Sécurité) a redéfini les buts de chacun. L'OEF est principalement composée de soldats américains, et a essentiellement opéré dans l'est, mais aussi dans le sud du pays, c'est à dire dans des zones sensibles. Sa mission évolua et consista aussi en la réalisation d'opérations spéciales et la coordination de la formation de sécurité afghane.


Soldat américain en compagnie d’un enfant afghan. Source : Tribune de Genève

Le 11 août 2003, l'OTAN prit le commandement de la FIAS, créé en décembre 2001 par le conseil de sécurité des Nations Unis. L'action de la FIAS comporte cinq volets successifs : préparation et évaluation de la mission, implantation géographique, stabilisation, transition et redéploiement.

Sur le plan afghan, nous constatons que les armées interviennent de plus en plus. L'enjeu est la restauration de l'ordre intérieur, qui lui-même nécessite une restructuration du système social et politique. Le conflit afghan est donc l'archétype des nouveaux types de guerre pour lesquels l'action des forces terrestres a été redéfinie, puisque les armées interviennent désormais en coopération avec des architectes, ONG, car la victoire militaire seule ne permet plus aujourd'hui de conduire à la paix.

Les forces internationales civiles et militaires s'effacent progressivement au profit de structures politiques, militaires, juridiques et sociales nationales. Le 7 décembre 2004, une force internationale de près de 10 000 hommes était en Afghanistan, s'ajoutant aux 20 000 soldats américains déjà présents.

Reportage : « Papa part à la guerre : d’Annecy à Kaboul, 10 mois avec les soldats français et leurs familles » de zone interdite, M6 :

Première partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9bpkq_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Deuxième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9blgy_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Troisième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9bsbc_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Quatrième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9btf4_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Cinquième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9btwt_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr

A la base, le mandat de la FIAS ne devait assurer la sécurité qu'à Kaboul et ses environs. Mais il a considérablement évolué et au fil des années, certaines zones ont été « annexées ».

Les troupes occidentales, sous mandat de l'OTAN, sont présentes en Afghanistan selon 5 zones :
-La région du nord, sous commandement allemand depuis juillet 2004.
-La région de l'ouest, sous commandement italien depuis juin 2005.
-La région de l'est, sous commandement américain depuis 2006.
-La région du sud, sous commandement canadien depuis juillet 2006.
-La région de la capitale, sous commandement français depuis août 2006.

L'OTAN est désormais en place sur tout le territoire afghan.


Dates d’administration des zones afghanes au commandement de l’OTAN. Source : Diplomatie numéro 23.

Les effectifs de la FIAS étaient d’environ 84 000 hommes pour 42 nations présentes en Afghanistan à la fin du mois de décembre 2009.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 par ENTRAYGUES Olivier

« Le mandat donné à l’ISAF stipule que les autorités afghanes ont la responsabilité de la sécurité du pays. Le rôle de l’ISAF est de se tenir en soutien du Gouvernement, GiROA, en maintenant un environnement sécurisé afin de faciliter la reconstruction du pays et de mettre en place des structures démocratiques. Il s’agit aussi d’appuyer et d’aider à augmenter l’influence du pouvoir central dans les endroits les plus reculés. Dans le cadre sécuritaire, les principales missions militaires de l’ISAF :
-conduire, en coordination avec les ANSF (Afghan National Security Forces), des opérations
de sécurité et de stabilisation ;
-d’appuyer l’Armée Nationale Afghane (ANA) ;
D’appuyer les programmes du gouvernement afghan en vue de désarmer les bandes rebelles ;
-d’appuyer la Police Nationale Afghane (ANP) en lui fournissant des moyens et des capacités ;
-contribuer, à la demande du gouvernement afghan, à des opérations de lutte contre le trafic d’opium. »
Page 340

B. Le passage de témoin

Voyant que le conflit afghan avance désormais plus lentement, les Occidentaux se posèrent des questions au sujet de la suite des interventions occidentales. Trois solutions furent envisagées :

-Rester en Afghanistan. Cela implique forcément un coût matériel, mais aussi un coût humain, puisque l’ont sait que des soldats meurent en Afghanistan. Cependant, il y aurait dans ce pays une certaine stabilité politique : des combats inter-ethnies moins importants et surtout le non retour des talibans dans les villes et au pouvoir. N’en est-il pas de notre devoir de défendre les Droits de l’Homme dans un pays comme l’Afghanistan, où des atrocités furent commises en nombre important sous le joug taliban ?

-Partir d'Afghanistan. Certes, nous n’aurions plus de coûts humains et financiers lourds, mais une chose est presque sûre : les talibans reviendraient au pouvoir, certainement très déterminés. Les talibans pourraient étendre leur influence au Pakistan et agir comme bon leur semblerait. Ils pourraient profiter de cette influence pour renforcer leurs troupes.

-Rester en Afghanistan, pour une durée limitée. Ainsi, la formation de l’ANA se ferait dans l’optique d’une future autonomie des forces de l’ordre afghanes. Cela dans le but, à terme, de voir les Occidentaux partir d’Afghanistan, sans risques de reconquête du pouvoir par les talibans.

La FIAS a désormais pour mission de former l’ANA, ce qui permettrait ensuite d’avoir une armée formée, pouvant faire face à d’éventuels insurgés. Au départ dans une optique d’éradiquer les insurgés et de détruire les bases talibanes, la FIAS est désormais chargée de déployer des équipes d'encadrement et de liaisons opérationnelles auprès des unités de l'Armée Nationale Afghane (ANA) à divers échelons de commandement : petits groupes de sous-officiers ou officiers expérimentés. Les officiers feraient bénéficier de leur expérience à leurs soldats, puis ceux-ci feraient bénéficier de leur enseignement aux soldats de hiérarchie inférieure. Ceci dans le but d’avoir un grand nombre de soldats formés, qui pourront ensuite guider, former et encadrer les soldats des bases où ils seront détachés.

La volonté actuelle est de laisser de plus en plus d’autonomie aux forces de l’ordre afghanes, et à ses institutions plus généralement. Les gouvernements Occidentaux ne souhaitent pas partir d’Afghanistan, ni rester sur certains acquis. Laisser plus d’autonomie aux institutions afghanes est pour eux nécessaire.

Reformer une armée afghane et une police est une mission importante pour les occidentaux (voir ci-dessous). Former l'ANA est important pour que le pays retrouve une sécurité publique. Les occidentaux veulent petit à petit laisser les responsabilités majeures à l'armée afghane. L'Afghanistan a actuellement une armée, mais une armée très peu formée et surtout confrontée au problème de la corruption.

Accident de soldat (Afghanistan), vidéo de Koreus.com : http://www.koreus.com/video/afghanistan-accident-soldat.html . Comme on peut le vir sur cette vidéo, l'Armée Nationale Afghane n'était pas formée, puisque le soldat afghan manque sa cible, puis blesse le soldat américain. La progression des soldats afghans est en bonne voie. Cette vidéo fut tournée en 2005.


Soldats de l’ANA, formés par des soldats occidentaux. Source : Lefigaro.fr

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’opération Enduring Freedom, « la lutte contre les Talibans » ne représente que le premier volet de l’action de l’armée américaine en Afghanistan. « La formation de la nouvelle armée afghane » constitue, de manière concomitante, le second axe d’effort de l’engagement des Etats-Unis. L’idée étant qu’à terme la nouvelle armée afghane soit en mesure de prendre à son compte, et avec succès la lutte contre les Talibans. » Page 325

L’ANA peut subir des désertions, puisque certains soldats profitent de leurs nouvelles connaissances militaires enseignées par les Occidentaux pour s’enfuir et certains rejoignent alors les rangs des talibans.

Pourquoi des soldats de l’ANA rejoignent les rangs talibans ? Certains prévoient cette désertion avant, d’autres non. Il faut savoir que les talibans jouirent au début de leur règne (1996-2001) d’un réel soutien populaire. Toute la vie personnelle des gens était surveillée, puisque le « ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice » contrôlait le quotidien de la population.

Mais ce soutien fut très vite terminé en raison de beaucoup de dérives sanglantes. La répression des talibans fut rude. L'application stricte de la « charia » (comme le veulent les talibans) pose de nombreux problèmes. Éthique tout d'abord, puisque celle qu'en ont fait les talibans est très sanglante.

La répression fut rude (photographie ci-dessous), puisque les châtiments corporels furent très fréquents. L'amputation (ablation d'un membre) et la lapidation (jets de cailloux dans la figure par plusieurs personnes sur une enterrée jusqu'au cou) furent parmi les peines appliquées. Les relations sexuelles extraconjugales furent réprimées très sévèrement par 100 coups de fouets, ce qui équivaut à une mise à mort. La diffusion d'idées « non musulmanes » était aussi prohibée et réprimée.

Les homosexuels furent très durement réprimés, et les tortures plus sanglantes, avec notamment comme peine l'écroulement d'un mur sur eux.


Exemple, de répression des talibans : la pendaison. Source : Blog : Changement de société

Le soutien dont les talibans (voir photographie ci-dessous) jouirent dans un premier temps se termina, pour laisser place à l’espérance que les Occidentaux apportaient avec eux. Mais les Occidentaux ravivent les souvenirs des Soviétiques, qui ne purent « résoudre » le problème afghan. Les Occidentaux sont de plus en plus considérés comme des occupants, surtout dans l’est et le sud du pays où l’influence des talibans est la plus forte.


Talibans photographiés pour la propagande. Source : radio-canada.ca

L'enfer afghan, vidéo de France 24 : http://www.youtube.com/watch?v=rmFgLUR-sH4 . Les français progressent qunt à la formation de l'ANA, les frmant en combat de tous types.

C. Une résistance accrue

Les forces de la FIAS sont aujourd'hui confrontées à une hostilité croissante de la population et à une résistance de plus en plus forte dans certaines zones.

Ainsi, les talibans se développent dans certaines zones où seule règne la peur. Ces villes sont situées dans le nord du pays, comme Sangsar, d'où viennent l'actuel chef des talibans Djabal Agha ainsi que son bras droit Zarghaï. Le mollah Omar venait aussi de ce village. Dans ces quartiers, les Occidentaux n’osent pas intervenir. Seuls les talibans et la population sont présents, les attaques ne sont pas rares, les explosions de camions non plus ; les talibans montrent de cette façon leur territoire. Ils en profitent pour imposer leur volonté et taxent les habitants, les commerces, les trafiquants de drogue ou les passages sur la « route1 », route la plus dangereuse d'Afghanistan (carte ci-dessous). Ainsi, certains talibans font fortune et peuvent même se payer des milices privées pour faire ce qu'ils désirent, et donc par ailleurs avoir un pouvoir et surtout une influence grandissante dans ces régions... Il n'est pas rare que des soldats de l’ANA (Armée Nationale Afghane) ou canadiens (le Canada étant en charge de cette zone en Afghanistan) subissent des embuscades non loin de ces régions.


Mise en relief de Sangsar et la « route 1 ». Source : Le Monde

Caméra embarquée avec les solats français en Afghanistan : vidéo enquête et révélations : http://www.youtube.com/watch?v=s7hwqpX-aVo
Les soldats français ou étrangers sont régulièrement confrontés à des situations danereuses, où ils ne savent de quelle colline viennent les tirs.

Plusieurs facteurs expliquent cette discréditation actuelle :

-La coalition est présente depuis 2001, 9 ans déjà, et engage énormément de moyens militaires. Mais depuis quelques années, la stabilité du pays a été ébranlée par une résurgence du mouvement insurgé. Ainsi, les forces occidentales se sont retrouvées confrontées à un ennemi qu’elles n’arrivent pas à saisir, la force principale des insurgés étant une connaissance du terrain beaucoup plus approfondie. Aussi, les talibans parviennent à avoir le soutien de certaines populations, celles-ci fatiguées de toutes ces guerres et n’aspirant qu’à deux choses : la paix et la prospérité.

-De nombreuses opérations ont entaché l’image de la force (photographie ci-dessous), puisque les différents dommages collatéraux des occidentaux ( des morts civils dus aux bombardements nécessaires pour déloger les talibans par exemple ) sont en permanence utilisés par les insurgés pour lever la population contre le gouvernement et la coalition, jugés incompétents pour défendre leurs intérêts et ainsi rattacher les paysans à la cause des talibans. Pour lutter contre ce phénomène de discréditation de la part des insurgés, les dernières directives sont très claires : il est primordial de réaliser un targeting ( ciblage ) précis afin de ne pas subir de revers de la part des talibans. Toute mort civile est un poids qui retarde le processus de stabilisation du pays.


Conséquences d’un raid de l’OTAN ayant blessé des civils. Source : Pro-americain (forum francophone sur les Etats-Unis).-

-Malgré les moyens financiers colossaux engagés en Afghanistan, la population se lève contre le gouvernement en montrant leur incapacité dans le domaine de la gestion des finances publiques. La corruption, fléau ancré dans tous les rouages de l’administration, est très contre-productif. Les paysans se demandent où passent les milliards de dollars engagés pour la lutte contre les insurgés… A ce titre, un des points clés est de déployer les moyens là où le besoin s’en fait le plus ressentir, c'est-à-dire en aidant directement les paysans en leur fournissant du matériel, de l’aide, tout en assurant une gestion claire et nette des finances.

Il est donc nécessaire de déployer les moyens là où ils seront visibles aux yeux de la population : c'est-à-dire directement aux paysans. Les talibans jouissent d’un soutien grandissant de la part de la population puisqu’ils possèdent finalement des « preuves » de leur engagement national (puisque le peuple est bombardé, il se rallie aux talibans). A ce titre, des directives claires ont été prises et les occidentaux font très attention à ne pas laisser de « faille » dans leur dispositif, pouvant leur être fatal postérieurement.

Pour de nombreux Afghans, la coalition est montrée du doigt comme incapable d’éradiquer le mouvement des insurgés à l’instar des forces Russes qui ont peiné contre les Moudjahidines. A ce titre, c’est toute la communauté internationale qui est discréditée. C’est réellement en 2005 que celle-ci s’est rendue compte de la gravité de la détérioration de la situation. Les opérations des occidentaux aux zones frontalières pakistano-afghanes doivent se poursuivre afin de limiter l’influence des talibans au Pakistan.

Depuis 2005, les embuscades et les attentats suicides se multiplient contre les armées étrangères et afghanes. En 2007, les attentats à la bombe ont doublé. Les attentats suicides ont fait plus de victimes en 2007 qu’en 2006 (1730 personnes en 2007 contre 1166 en 2006), selon l’agence de presse privée afghane Pajhwok apud . Le retour progressif des islamistes en Afghanistan déstabilise le pouvoir en place et les forces internationales. Les violences répétées touchent particulièrement le sud et l’est du pays.

Afghanistan jihad embuscade 2008, vidéo de Dailymotion : http://www.dailymotion.com/video/x8u0hq_afghanistan-jihad-embuscade-2008_news .
Les menaces encourues par les Occidentaux sont grandes, commeon le voit sur cette vidéo, où un hummer est attaqué par un lance-roquette.

Les insurgés mènent des actions qui ciblent l’opinion publique des pays engagés en Afghanistan, afin de provoquer des réactions de la population des pays Occidentaux, et les talibans espèrent un retrait des troupes Occidentales. Les insurgés prennent le pari que les forces internationales ne pourront pas endurer un engagement à long terme et forceront le retrait de leurs troupes.

Dans cette perspective, les insurgés utilisent des engins explosifs improvisés (IED), au nombre de 83 explosions en 2003, 1370 en 2006, conduisent des attentats suicides et recourent fréquemment à l’assassinat. Leur stratégie est simple : constituer de petits groupes discrets et mobiles, en organisant des embuscades en milieu urbain. Ils s’attaquent aux soldats étrangers, mais aussi aux membres des ONG, et aux Afghans soupçonnés de collaboration avec les forces internationales. Les IED (Engins Explosifs Improvisés, voir photo ci-dessous) sont très redoutés par les Occidentaux, puisqu’ils sont activés à distance et explosent sur les routes, ce qui rend le travail des Occidentaux encore plus difficile et lent.


Destruction d’un véhicule à l’aide d’un IED (Engins explosifs improvisés). Source : LeJDD.fr

Afin de faire pression sur les Occidentaux et ainsi montrer leur contestation et leur lutte, les talibans s’attaquent désormais au personnel des ONG… Un des objectifs actuels des talibans consiste à empêcher l’aide humanitaire d’arriver dans les zones les plus reculées. En 2008, environ 150 missions humanitaires et de développement on été attaquées, et selon la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), plus de 30 humanitaires ont été assassinés et 92 kidnappés, 75% des victimes sont des civils afghans.

Deux humanitaires français enlevés en Afghanistan, vidéo de France 24 : http://www.france24.com/fr/20080718-humanitaire-afghanistan-enlevement-acf-action-contre-faim-kaboul-enleves . Comme on le voit sur cette vidéo, les talibans n'hésitent pas à kidnapper des membres d'ONG afin d'avoir une rançon, ou de faire pression sur l'opinion des pays Occidentaux.

Depuis septembre 2008, le chef d’état-major du Pentagone a ordonné de combattre les islamistes des deux côtés de la frontière afghano-pakistanaise afin d’éradiquer les bases arrière des insurgés afghans.

La légitime défense a cédé le pas à l’offensive, en vertu d’une règle militaire selon laquelle une insurrection disposant d’un sanctuaire est imbattable. Le président G.Bush a autorisé en juillet 2008 l’armée américaine à intervenir dans les zones tribales (circonscription administrative correspondant à une région semi autonome fédérée), sans l’accord d’Islamabad, pourtant allié de Washington. Depuis 2001, les talibans ont annexé ces zones tribales (voir carte ci-dessous) à leur aire d’influence en tuant près de 150 chefs tribaux locaux qui s’opposaient à leur emprise. Les tribus présentes dans ces zones tribales se radicalisent et certains se rallient aux talibans.


Zones tribales à la frontière afghano-pakistannaise. Source : Réseau Euro-Méditerrannéen Social Ecologique Démocratique Altermondialiste.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« La situation en Afghanistan continue à se détériorer. L’insurrection conduite par les Talibans conserve la maitrise de l’initiative stratégique et la Coalition internationale manque d’une direction claire. L’insurrection a entamé une poussée significative en consolidant ses positions dans le Sud puis l’Est du pays tout en sécurisant son sanctuaire pakistanais et en ouvrant de nouveaux fronts dans le Nord du pays. La situation autour de Kaboul est difficile à apprécier. Les chefs talibans sont maintenant convaincus que la Coalition internationale va bientôt être obligée d’accepter l’idée que la situation sur le terrain conduira à abandonner l’Afghanistan dans très peu d’années. » Page 221.

Les talibans sont des interlocuteurs incontournables du jeu politique, puisque ces islamistes radicaux ont tissé des liens au sein de l’armée et des services secrets pakistanais (ISI), lors de la guerre antisoviétique, ce qui rend le travail des occidentaux plus difficile, confrontés une fois de plus au problème de la corruption.

Depuis l’élection du nouveau président américain Barack Obama, la guerre à la frontière afghano-pakistanaise est l’axe principal de la stratégie du Pentagone puisque 30 000 hommes sont déployés graduellement en Afghanistan, dans l’intention d’agir des deux côtés de la frontière.

Interview du Capitaine William DOURLEN

PARCOURS

Envoyé en avril 1986 à l'école des sous-officiers de Saint-Maixent
1987-1992 : chef de char blindé dans un régiment en Allemagne
1992-2000 : chasseur alpin au 7ème BCA à Bourg St Maurice
2000-2001 : école d'officier à Montpellier
2001-2009 : chasseur alpin au 27ème BCA à Annecy
Chef de section puis Commandant de compagnie
Depuis août 2009 : Chef du bureau formation/instruction au 13ème BCA de Chambéry

MISSIONS

Septembre 1994-avril 1995 : casque bleu
mission d'interposition à Sarajevo (Bosnie)
Septembre 2001-janvier 2002 : mission d'interposition en Bosnie
Région de Moston et frontière du Monténégro
Février 2003-juin 2003 : mission de souveraineté en Nouvelle-Calédonie
Octobre 2003-février 2004 : mission d'intervention en Côte d'Ivoire
Février 2007-juin 2007 : mission d'intervention en Côte d'Ivoire
Novembre 2008-juin 2008 : mission d'intervention en Afghanistan au sein de la FIAS (Force Internationale d'Assistance et de Sécurité)

PRESENCE EN AFGHANISTAN

Départ 29 novembre 2008
Retour 20 juin 2009

LA CRISE AFGHANE

Les talibans contrôlent aujourd'hui près d'un tiers du pays. Les 90 000 soldats déployés ne semblent pas en mesure de juguler leur progression.
Faut-il donc retirer les troupes?
Se souvenir qu'aucune armée du monde n'a jamais remporté un succès dans le royaume de l'insolence.
Qu'aucune force conventionnelle ne vient jamais à bout des énergies insurrectionnelles?
Faut-il s'opiniâtrer à appliquer ex nihilo le schéma démocratique à une société clanique, tribale, féodale, profondément rétive aux valeurs occidentales?
Si les talibans connaissent pareils succès c'est parce qu'ils prospèrent sur un terrain propice. Le fanatisme s'enracine dans la pauvreté. Les radicaux promettent des lendemains glorieux en organisant des heures sanglantes: vieux principe des philosophies de l'espérance. Le pays pointe à la 174ème place (sur 178) des pays les plus pauvres du monde.

L'issue du nœud afghan ne peut évidement se passer d'une réponse sociale. L'avenir ne se joue pas uniquement sur la ligne de front (d'ailleurs inexistante) entre les insurgés et les combattants de la coalition.

L'Afghanistan ne se réduit pas à une affaire militaire: (les actions militaires ne peuvent pas à elles seules remporter une guerre contre-insurrectionnelle. Les actions tactiques ne doivent pas seulement s'inscrire dans des objectifs opérationnels et stratégiques militaires, mais aussi dans les buts politiques de la guerre contre-insurrectionnelle).

Mais il serait aussi vain de dénoncer la présence des soldats de l'OTAN dans le pays au nom de l'urgente cure politique et sociale des mœurs afghans, que de stigmatiser les partisans de la reconstruction socio-économique au nom de la nécessité de la lutte armée contre le terrorisme.

Reconstruire c'est lever des murs sur un terrain stable. L'armée s'occupe du terrain. Les architectes interviennent ensuite. Aucun ne devrait pouvoir faire l'économie sans l'autre.

Les soldats du 27ème BCA dont j'ai fait parti l'ont éprouvé au cours des 6 mois de mandat en Kapisa. Seule certitude aujourd’hui, le retrait des troupes de l'OTAN sonnerait le retour des talibans !


Capitaine DOURLEN William en Afghanistan (à gauche)