mercredi 3 mars 2010

II. Développement économique en territoire de guerre…

L'Afghanistan est au cœur de multiples enjeux des puissances internationales puisque c’est un carrefour stratégique.

Le pavot et la corruption, gangrénant l’Afghanistan depuis des décennies, sont finalement à la source de problèmes économiques donc politique, puisque la narco-économie finance les réseaux islamistes internationaux, mêlant parfois des politiques. On assiste donc à de la corruption, d’où une absence de confiance générale envers les politiques de la part de la population. Pour lutter contre ce problème de la narco économie, les Occidentaux ont développé certaines cultures, rentables pour les paysans, qui endiguent de facto l’influence des Talibans, ceux-ci ne pouvant donc plus compter sur des revenus nécessaires à leur guérilla.

Pour développer ces nouvelles cultures, beaucoup d’ONG françaises sont présentes en Afghanistan. Leur principal but est d’aider la population, de la soigner ou encore de leur fournir une aide matérielle (nourriture par exemple). Les équipes de reconstructions sont présentes dans le but d’aider à la reconstruction proprement dite ou à la réhabilitation de bâtiments.

A. Un territoire convoité

L'Afghanistan est un carrefour stratégico-nucléaire aux enjeux énergétiques. Pourquoi ?

L'Afghanistan occupe une position centrale entre le Proche-Orient et l'Asie du sud d'une part ainsi qu'entre l'Asie centrale et l'océan Indien d'autre part (voir carte ci-dessous).


Planisphère montrant l’Afghanistan (en rouge). Source : LCPAN.fr (La Chaine Parlementaire Assemblée Nationale).

Il est pertinent de noter que l’Afghanistan occupe une position stratégique, puisqu’elle pourrait faire face à ses problèmes de culture de pavot en développant ses propres ressources.

Ce positionnement géographique donne à l'Afghanistan une situation stratégique pour le transit de l'approvisionnement énergétique (voir carte ci-dessous).

C'est aussi un carrefour énergétique, puisque beaucoup de ses voisins possèdent de nombreux gisements pétroliers ou gaziers. Mais le plus important reste son territoire, quasi inexploité jusqu'à aujourd'hui. En effet, il regorge de ressources énergétiques considérables encore inexploitées. Le pays possède environ 90 fois plus de pétrole que ne le pensaient les soviétiques. Des experts internationaux considèrent aussi que les gisements de gaz naturels sont encore méconnus pour certains puisque les chiffres ne concernent que le nord et l'ouest du pays, qui possèdent une réserve d'environ 2 520 mètres cubes Actuellement, certaines nouvelles poches sont en train d'être découvertes. Certaines entreprises commencent dès aujourd'hui à s'installer à Kaboul (Total, Unocal...), espérant remporter des appels d'offres du gouvernement. Vous l'aurez compris, les intérêts énergétiques ne sont pas minimes en Afghanistan, et nombre d'États voisins de l'Afghanistan ainsi que de grandes puissances internationales portent un très net intérêt sur l'évolution du pays.

De plus, c'est un carrefour stratégique puisque c'est une « frontière » entre les pays accueillant une ou plusieurs bases américaines (comme la Turquie, le Pakistan, ou les pays du Moyen-Orient...), et ceux accueillant des bases russes (comme l'Arménie, le Tadjikistan...). Les tensions sont de facto réelles aux frontières afghanes.

Un carrefour nucléaire aussi, puisque certains de ses voisins possèdent l'arme nucléaire, comme le Pakistan, l'Inde, la Russie, la Chine, ou Israël. Un autre de ses voisins est soupçonné d'être actuellement à la recherche de l'arme atomique, ce qui lui est interdit : l'Iran.

Enfin, c'est un carrefour de tensions étant donné les nombreux conflits internes ou non existant dans cette zone du monde : en Irak, Afghanistan, Pakistan...


L’Afghanistan : Carrefour stratégico-nucléaire. Source : Diplomatie numéro 23.

B. Lutter contre la corruption et le pavot, pour créer une économie « saine »

Les paysans, très faiblement rémunérés, sont à la base d'un problème majeur en Afghanistan : la culture du pavot. Celle-ci est favorisée par la corruption, dont les institutions afghanes sont victimes.

La corruption, combinée à la drogue, est « un cancer pour l'Afghanistan » pour le commandant Daoud, ministre afghan en charge de la lutte contre la drogue. La corruption est un bon moyen pour les policiers ou autres institutions de gagner plus d'argent, dans un pays où le salaire moyen des policiers et miliaires était de 100$ par mois.

Mais le ministre de l'intérieur Mohammad Hanif Atmar, conscient du problème, a annoncé dans un communiqué de presse datant de fin novembre 2009 que ce salaire serait augmenté de 40$ pour les forces de sécurité travaillant dans les zones les moins dangereuses et de 75$ pour ceux travaillant dans les plus dangereuses. Celui des soldats devrait l'être également, d'après le ministre de la défense. Les États-Unis, finançant actuellement le salaire des forces armées afghanes, prendront en charge cette augmentation pendant un an, et l'OTAN prendra ensuite en charge cette dépense. « Cette augmentation va aider à renforcer le moral des policiers et réduire la corruption ainsi qu'à attirer de nouvelles recrues » a déclaré Mohammad Hanif Atmar. Selon lui, il est aussi nécessaire d'augmenter les effectifs de l'armée et police afghanes, en passant à l'heure d'aujourd'hui de 94000 militaires et 68000 policiers à 137000 soldats et 97000 policiers en octobre 2010. Ce n'est qu'encore un projet, mais très ambitieux selon certains diplomates et spécialistes des questions militaires, ce qui entraine beaucoup de scepticisme.

La corruption est un bon moyen pour les policiers ou autres institutions de gagner plus d'argent.


Policier afghan surveillant une rue. Source : actualite.portail.free

L'augmentation des salaires permettrait moins de désertion (d’où un afflux moins important des anciens militaires afghans vers les talibans), moins de corruption résultant à un respect plus profond des lois par les forces de l'ordre ainsi qu’un certain respect pour l'OTAN et les États-Unis qui leur fournissent ces augmentations de salaire, d'où moins de consommation de drogue. Environ 15% des soldats afghans en consomment selon le général allemand Egon Ramms, commandant de l'état-major allié inter-armées. L’augmentation des salaires permettrait des résultats certains.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’année 2006, l’état-major de CSTC-A (Combined Security Transition Command in Afghanistan) a entrepris une réforme complète de l’ANP (Police Nationale Afghane). La Police Européenne, EU Pol, est devenue, au mois de janvier 2007, un partenaire de CSTC-A pour former la police afghane. Au cœur de la sécurisation du pays, l’action de la police de la nation hôte doit jouer un rôle clé. En effet, selon le FM 3-24 (manuel de contre-insurrection de l’US Army), « the primary frontline COIN force is often the police – not the military ». Cette réforme globale repose prioritairement sur la réorganisation du ministère de l’Intérieur afghan, une réforme des grades et des salaires, la parité des salaires entre la police et l’armée, la mise en place d’un système électronique pour payer les policiers, un système d’identification infalsifiable des personnels et l’installation d’un système biométrique. La trame de fond de cette réforme est la lutte contre la corruption de la police afghane. » Pages 332-333.

Pour faire face à la corruption, une réforme judiciaire fut également mise en place. Cette réforme judiciaire a déjà commencé, en formant des magistrats afghans et en codifiant les lois. Étant dans un pays majoritairement rural et peu développé, les lois sont souvent « transmises » de génération en génération, ce sont des lois orales. La codification des lois permet donc une plus grande facilité à faire appliquer les règles. Les occidentaux appuient la mise en place du Parlement, qui permettrait d'avoir une vie politique afghane réelle et non gangrénée par la corruption.

Les efforts de formation des magistrats, des codifications de lois, permettront ils d'aboutir au système judiciaire tant attendu ? A voir, la corruption étant toujours présente et constituant toujours un fléau majeur, puisqu'elle empêche l'application de la loi et permet aux trafiquants de drogue ou autres insurgés influents de rester libres, non punis. Et pourtant, le gouvernement afghan a promulgué des lois pour lutter contre cette corruption, mais comment changer des habitudes vieilles de plusieurs siècles avec de simples lois...?

De plus, l'argent apporté par le pavot est le plus important moyen de financement des talibans. Ceux-ci, nécessitant beaucoup d'argent afin de financer leur lutte contre le pouvoir en place, doivent acheter des armes et fournir des équipements. Ils nécessitent aussi le soutien des chefs de village. Dans un pays gangréné par la corruption, il n'est pas difficile de trouver comment s'approprier le soutien d'un village : donner de l'argent au chef. Les paysans, aussi y voient leur bénéfice. En effet, la culture du pavot leur ramène environ trois fois plus d'argent que les céréales, denrée alimentaire très importante. Sachant que le salaire moyen en Afghanistan est de l'ordre de 60$ par mois, le pavot peut facilement rapporter 300$ par mois à une famille le cultivant... Les talibans, faisant pression sur les paysans afin qu'ils arrêtent leur culture familiale de céréales, réussissent à les embrigader et la plupart finit par cultiver le pavot. Celui-ci rapporte plus d'argent aux paysans, mais il contribue aussi à fournir de l'argent aux talibans, et par extrapolation aux différents réseaux internationaux islamistes…


Afghan fumant de l’opium. Source : 20minutes.fr

En 2006, le pays fut le premier producteur mondial d'opium avec 6100 tonnes produites, tout comme en 2008 avec 7700 tonnes. Cet État arrive à produire plus de 80% de la base de l'héroïne mondiale.


Afghans cultivant le pavot. Source : L’express.fr

Comme on le voit sur la carte ci-dessous, les « Croissants d’or » sont nombreux en Afghanistan ( principales zones de culture du pavot). L’Iran a édifié un dispositif anti-drogue aux alentours de sa frontière avec l’Afghanistan, afin de lutter contre l’influence de ces cultures qui pourraient par la suite, si rien n’est fait, gangréner l’Iran.


Source : Diplomatie numéro 23.

Pour cette raison, et pour lutter contre les flux financiers dont les récepteurs sont les talibans et les réseaux islamistes internationaux, les occidentaux ont essayé de développer la prévention auprès des paysans, ceci dans le but de créer de nouvelles cultures dans d'autres secteurs et donc de lutter contre l'économie des talibans, pour les affaiblir...

Vous l’aurez compris, les paysans afghans cultivent le pavot par pression des talibans d'une part, mais aussi parce qu'il y a une vraie pauvreté rurale donc un manque de revenus, comme le soutient l'expert de la FAO (Food and Agriculture Organization) Angelika Schückler.

Pour lutter contre ce fléau de la drogue, il est nécessaire de proposer aux paysans plusieurs alternatives agricoles qui leur permettraient de gagner de l'argent sans le pavot. L'objectif de la FAO est simple ; il faut réhabiliter les infrastructures agricoles dans les zones majoritairement touchées par la culture du pavot, relancer l'horticulture (production de plantes), l'élevage, ceci dans le but de créer des ressources alternatives pour les paysans, les travailleurs sans terre en ce qui concerne l'élevage. Il faut éviter l'affaiblissement d'un groupe de paysans car s'il est vulnérable, il se tournera alors vers la solution de facilité : la culture du pavot.

Plusieurs interventions sont envisagées par le FAO, comme la remise en état des pépinières pour répondre à la très forte augmentation de la demande en plants et semences, ou un accès plus simple et surtout moins coûteux aux intrants pour les vergers, à l'irrigation, au bétail, à la formation qui devient indispensable, et aussi au crédit. Le microcrédit en est-il la solution ? Sa réussite serait elle indiscutable comme au Bangladesh ? « La réhabilitation des infrastructures, des services sanitaires et éducatifs doit être effectuée » a ajouté Angelika Schückler. La réparation des points d'eau et puits, certains ensablés à Kandahar, devient essentielle afin de mieux irriguer les vergers.

De plus, les femmes, jouant un rôle très restreint sous le joug des talibans, pourraient être très utiles, elles pourraient améliorer considérablement la productivité et l'élevage si elles avaient un meilleur accès aux services vétérinaires. Comment ? Afin de générer de meilleurs revenues aux femmes et à la famille, le projet testé, très réussi, est de développer les projets avicoles (l'élevage d'oiseaux et de volailles). Cela s'avère pertinent, la femme pouvant travailler et contribuer aux revenus de la famille.

Un programme d'intensification de la production horticole par la formation des exploitants de vergers aux technologies post-récolte et de la gestion des installations de stockage a également été proposé par la FAO. En ce qui concerne le crédit, les éleveurs devraient y avoir accès afin d'acheter des moutons et chaque province devrait posséder un broyeur de fourrage. En collaboration avec les communautés d'agriculteurs, plusieurs sortes de cultures adaptées à l'environnement du pays devraient naître, avec notamment la récolte intensive d'herbes et épices, le développement de la sériciculture (élevage de ver à soie, lui même la chenille d'un papillon), ou encore le développement de l'extraction des huiles essentielles, économie se développant grâce à la demande occidentale de plus en plus forte en produit cosmétique. Certains emplois innovateurs pour le pays pourraient naître, avec notamment un programme de reforestation qui permettrait par ailleurs de contribuer aux efforts écologiques, des centres de traitement de fruits et légumes, la collecte et transformation des produits de l'élevage tels le lait ou les œufs, la promotions de la pêche...

La culture du pavot représente un obstacle à ces nouvelles cultures proposées par les occidentaux, et ceux-ci doivent de fait proposer des sources de revenus rentables pour les paysans, qui iront alors vers cette solution, ce qui fragilisera par la suite le réseau financier des talibans. Les espoirs sont nombreux, puisque nombre de paysans bénéficient désormais de l’aide des ONG françaises par exemple, présentes en Afghanistan.

Les cultures comme le blé ou autres céréales augmentent désormais, parsemant d’embuches la stratégie talibane : développer la culture du pavot. Ceci peut se voir sur le graphique ci-dessous, où les hectares consacrés à la culture du pavot sont en nette diminution sur l’année 2008 par rapport à l’année précédente.


Source : ONUDC (Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime).

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Les britanniques, pour leur part, considèrent comme l’UE (Union Européenne) que les problèmes posés par la drogue ne peuvent s’envisager indépendamment des autres aspects de la politique de reconstruction de la nation afghane. La stratégie qu’ils préconisent doit inclure, bien sûr la répression mais aussi la prévention de la toxicomanie, le rôle de la femme, la formation des services de douane et de police, la compétence des juges, etc. Elle enjoint à la coordination internationale des programmes alternatifs qui doivent non seulement éviter l’écueil d’une approche sectorielle ou à court terme vouée à l’échec tout en étant capable de fournir une aide immédiate en nourriture et dans l’emploi intensif de la main-d’œuvre. Cela semble relever d’une gageure car les bailleurs sont d’abord américains et ces derniers ont d’abord une vision répressive du problème de la drogue en Afghanistan. D’abord marginaux (60 millions de dollars US en 2002), les crédits consacrés à la lutte anti-drogue par les EUA (Etats-Unis d’Amérique) ont augmenté très rapidement dans la crainte que les profits tirés de l’excellence de la récolte d’opium de 2004 n’aillent alimenter les fonds des insurgés (budget supérieur à 750 millions de dollars US pour la période 2004-2005). » Pages 257-258.


C. Aide internationale, atout indispensable

Peu de temps après la chute du régime taliban, les troupes de la coalition telles que la France, l'Italie, l'Allemagne, le Canada arrivèrent en Afghanistan pour commencer différentes missions humanitaires.

Le gouvernement afghan a élaboré une stratégie nationale dans le but de s'attaquer à des problèmes profonds, aux enjeux majeurs dans l'instabilité politique ou sociale du pays. Ainsi, l'ADNS (stratégie nationale du développement de l'Afghanistan) naquit, afin de régler des problèmes comme la réforme judiciaire.

Cette stratégie est fondée sur certains objectifs pour le développement des Nations Unies et constitue un document clé dans la réduction de la pauvreté.

L'ADNS se divise en trois piliers d'activité :
•La sécurité
•La gouvernance, l'État de droit et les droits humains
•Le développement économique et social

Cette division en différents secteurs d'activité facilite la catégorisation des besoins et facilite d'autre part le travail des ONG, donateurs, organisations internationales...

Les ONG telles Médecins du Monde ou La Croix Rouge sont très nombreuses en Afghanistan, et effectuent des missions très précises et indispensables au développement économique ou social de l’Afghanistan. Leurs actions en matière d'aide alimentaire sont nombreuses. Les domaines d’intervention des ONG sont : l’éducation, la santé, l’agriculture, la reconstruction. Lutter contre la malnutrition ou tous les problèmes liés à l’insuffisance alimentaire que rencontre la population est un de leurs objectifs. Comme l’a récemment dit le Docteur G.Causse, membre de Médecins du Monde, lors d’une conférence datant du 20 janvier 2010, les objectifs humanitaires étant sous le « champ d’action » des ONG sont vastes. L’aide à la population sur le plan alimentaire, promouvoir le développement économique avec notamment l’installation de puits, l’achat de machines agricoles servant aux villages afghans, encourager l’ascension au savoir et aux études afin de former de futurs citoyens cultivés dans le but d’avoir une future élite afghane, aider au respect des Droits de l’Homme... Environ 18 ONG sont présentes en Afghanistan, dans 28 provinces, avec l’aide de collaborateurs afghans. 175 000 afghans furent formés par les ONG occidentales, afin de prendre le relai lorsque celles-ci partiront d’Afghanistan. Un chiffre est très significatif : un tiers de la population est approché grâce aux ONG, ce qui prouve bien leurs compétences et leur professionnalisme.

Développer l'éducation et les écoles fait partie intégrante du travail des différentes ONG, certaines plus ou moins spécialisées dans ce type d’aide. Ainsi, les garçons et les filles peuvent s'instruire et se préparer à développer leur pays. Mais se pose encore un problème : la culture talibane est très stricte quant au sort des filles à l'école, ou même au sort de la Femme en général... Aujourd’hui encore, le sort de la femme ne s’améliore pas, la culture talibane, islamique, ayant toujours un impact sur la société. Ainsi, la peur imprègne vraiment le pays puisque la population n'ose pas s’opposer à la volonté des talibans. Pour ceux-ci, l'éducation devrait être exclusivement réservée aux garçons. De plus, les talibans refusent tout compromis avec la population ou avec l'OTAN sur le sujet des écoles. Ainsi, ils n'en veulent pas, au sens occidental du terme qu'ils qualifient d' « imitation occidentale » . Pourquoi ? Il faut savoir que les talibans ne désirent qu'exclusivement des madrasas ou écoles coraniques où les jeunes garçons apprennent le Coran par cœur. Les enfants croient ce que leur disent les adultes ou chefs de village. Ils sont donc des cibles faciles pour les talibans, qui les utilisent aussi en tant qu'enfant soldat... En effet, les talibans leur donnent certaines idées religieuses voire fanatiques, par exemple que l'attentat suicide contre des soldats est un acte de bravoure, que mourir en martyr est la chose qui peut leur arriver de mieux. Ils veulent influencer les enfants en leur donnant des idées contre les occidentaux , leur inculquer la haine contre les soldats de l'OTAN et plus généralement contre les occidentaux, ceux-ci étant qualifiés « d'impurs » par les talibans. Ainsi, les enfants sont prêts à mourir en kamikaze. Ils s'ingèrent des substances explosives ou portent des gilets d'explosifs destinés aux attentats. Le but des occidentaux en matière d’éducation est donc de former des écoles où les filles aussi peuvent étudier, comme nous pouvons le voir sur la photographie ci-dessous.


Jeune fille afghane étudiant à l’école (ce qui n’aurait jamais été le cas sous le joug taliban). Source : Le blog : La Chaine de L’Espoir.

Réparer le systèm éducatif afghan, vidéo de France 24 : http://www.youtube.com/watch?v=XoQ7ljAZPw0
Comme on le voit sur cette vidéo, le système éducatif afghan est encore trop peu développé. Grace à la lutte contre la corruption est aux différentes réformes débutantes, les Occidentaux espèrent avoir des classes moins nombreuses, et pouvoir mieux payer les professeurs.

Les efforts liés à la santé sont nombreux, comme la création de l'Institut médical français pour l'enfant de Kaboul, projet de réhabilitation du système de transfusion sanguine, coopération hospitalo-universitaire, c'est à dire de créer une coopération dans la formation de futurs médecins afghans, tout en aidant les blessés afghans en les prenant en charge (photographie ci-dessous). La construction de bâtiments destinés à faire accoucher les femmes est nécessaire et a désormais commencé. Pour une femme en Afghanistan, être enceinte est très dangereux : 60 000 femmes meurent chaque année en accouchant, puisqu’elles n’ont pas accès aux soins nécessaires.


Enfants afghans soignés à l’aide de l’aide française. Source : Le blog : La Chaine de l’Espoir.

Pakistan : à Peshawar, l’hôpital de la Croix-Rouge est saturé, vidéo de France 24 : http://www.dailymotion.com/video/x9d51f_pakistan-a-peshawar-lhopital-de-la_news.
Comme on le voit sur cette vidéo, les blessés à la frontière afghano-pakistannaise doivent aller dans les hôpitaux de campagne au Pakistan, vers la frontière (ici, à Peshawar). Ces hôpitaux sont surpeuplés et ne peuvent accueillir de victimes supplémentaires.

Le lancement de nouvelles cultures, le développement notamment de l'horticulture, la relance de la filière cotonnière ou encore le développement des cultures standards comme le blé (photographie ci-dessous), font partie intégrante des missions des occidentaux, ceci dans le but de favoriser l'éradication des cultures de pavot.


Paysans afghans cultivant le blé. Source : FAO.

Le développement du secteur privé est aussi de mise puisqu'il y a déjà des programmes de financement du microcrédit pour encourager l'activité locale. Le microcrédit est un accès à un faible crédit afin d'encourager les artisans à concrétiser leurs microprojets, ceci dans le but de favoriser l'activité, donc la création de richesses (pour plus d'informations sur le microcrédit, lire Vers un monde sans pauvreté de Muhammad Yunnus, prix Nobel de la paix 2006).

La sauvegarde du patrimoine culturel afghan est très important puisque ce patrimoine sert, ou servira, de rassemblement culturel pour les afghans se cherchant une identité nationale. La moitié de la population a moins de 15 ans, ce qui met en évidence l’utilité de la sauvegarde d’un patrimoine commun à tous les afghans. Les statues géantes de Bouddhas de Bamiyan furent dynamitées par les talibans au nom de l'iconoclasme (destruction de représentations religieuses), comme nous le voyons ci-dessous et toutes formes de représentations animales ou humaines furent détruites dans les musées. Pour la culture, c’est un drame.


Une statue géante de Bouddhas de Bamiyan, aujourd’hui détruite. Source : routard.com

Aussi, l'administration américaine a conçu, d'abord dans le cadre de l'OEF (Operation Enduring Freedom) puis de la FIAS, des équipes de reconstructions provinciales : PRT (Provincial Reconstruction Team). Ces PRT sont les moteurs de la reconstruction puisque la population peut évaluer directement l'amélioration de ses conditions de vie. Composées d'équipes civilo-militaires, les PRT sont multinationales et multidisciplinaires, toujours organisées autour de forces terrestres qui en constituent le noyau. L’intervention militaire doit se faire en amont d’une intervention d’ONG par exemple car il est nécessaire de sécuriser la zone à reconstruire. Réciproquement, l’intervention de militaires ou de forces armées doit se faire en compagnie d’équipes civiles (médecins, infirmiers …), afin de montrer à la population, qu’Occidentaux ne riment pas avec militaires, mais bien avec reconstruction. Par leurs actions, les PRT permettent de maintenir la population dans un esprit favorable à l'intervention étrangère, ce qui est très important pour les occidentaux. Ces PRT ont un travail plus en amont que les ONG, puisque les PRT interviennent dans certaines zones non totalement sécurisées, alors que les ONG essayent, même si ce n’est pas toujours le cas, d’intervenir dans un climat de sécurité.


Enfants afghans attendant de l’aide de la part des Occidentaux. Source : Cercle de coopération.

Reconstruire les habitations (photographie ci-dessous) fait partie des missions de ces PRT, afin de créer un véritable climat d'apaisement et de lutter contre la misère, gangrenant ce pays en guerre.


Aide des occidentaux auprès des pour la reconstruction de leurs habitations (ici, après un séisme). Source : Blog ouvert sur l’actualité

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’année 2009, une version complémentaire des PRT (équipe de reconstruction provinciales) est mise en œuvre. Sa vocation est d’aider au développement de projets agricoles permettant à la fois d’offrir une alternative à la culture du pavot d’où sera extrait l’opium, de réduire la pauvreté dans les campagnes et de développer une économie de marché. Ces projets pilotes sont d’origine US et mis en œuvre par la Garde Nationale sur la base de partenariat entre les provinces afghanes et différents états US et notamment de leurs universités. C’est dans ce type de projet que l’on mesure l’investissement de la nation américaine. Certains Afghans sont ainsi envoyés dans les universités américaines où ils sont formés ou remis à niveau sur des techniques agricoles qui ont été perdues pendant les années de guerre. Ils regagnent ensuite leur pays pour relancer des activités dont ils ont acquis la maitrise. » Page 403.

Les ONG et PRT connaissent certains succès désormais chiffrés :
•Le taux de mortalité infantile a diminué de 25% par rapport à 2001 : 40 000 enfants sauvés chaque année.
•Plus de 10 000 personnels de santé ont été formés, dont 50% de femmes.
•Plus de 20% de la population a maintenant accès à l'eau potable, grâce à la réalisation de 10 000 points d'eau.
•Près de 6 millions d'enfants sont aujourd'hui scolarisés, dont un tiers de filles.
•3 600 écoles ont été construites depuis 2001 (voir photographie ci-dessous).
•Plus de 13 000 km de routes ont été réhabilités depuis 2001.
•La production d'électricité a triplé depuis 2002.
•Le développement économique s'est accru : le dynamisme des services et bâtiments a permis une hausse de la croissance économique.
•Une augmentation du PIB afghan de 70% depuis 2001.
•Un redémarrage économique marqué par la production agricole : blé, coton, safran ...
•5 millions de réfugiés sont rentrés en 2005.

L'aide française sera augmentée au cours des trois prochaines années, avec une priorité mise sur l'agriculture, l'éducation et la santé afin d'améliorer les conditions de vie de la population afghane.


Afghan étudiant dans une école spécialisée dans l’agriculture, construite par les Occidentaux. Sources : L’Express.fr

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