mercredi 3 mars 2010

III. Terre de lutte…

La première phase de l'intervention en Afghanistan fut le fait d'une coalition menée par les États-Unis, l'OEF ( Opération Enduring Freedom, ou Liberté Immuable ). Rapidement, l'OEF est soutenue puis relayée par une opération menée par l'OTAN, la FIAS ( Force Internationale d'Assistance et de Sécurité ).

L’actuelle volonté des gouvernements Occidentaux est de laisser plus d’autonomie aux afghans, sans cependant aller trop vite au risque de revoir les talibans au pouvoir lorsque les Occidentaux seront partis.

Malgré les efforts de la FIAS et des Américains, les Afghans contestent dorénavant majoritairement la présence militaire occidentale. La menace islamiste s’intensifie depuis 2005, les Américains renforcent leurs effectifs en 2009, en tentant d’éliminer les bases arrière au Pakistan.

A. Les forces occidentales en Afghanistan

L'opération « Enduring Freedom » débuta le 7 octobre 2001. Les principaux objectifs de cette mission furent de lutter contre le régime des talibans en Afghanistan et contre les bases terroristes implantées dans ce pays. Les Américains lancèrent des vagues de bombardements, afin de déloger les talibans des villes, mais soutinrent aussi l'avancée de l'Alliance du Nord au sol, commandée par Massoud. Le 13 novembre 2001, l'Alliance du Nord prit Kaboul. Les talibans durent se réfugier dans les montagnes et se cacher pour mener leur action de lutte en guérilla.

A la suite de la perte du pouvoir central des talibans, une conférence fut organisée, afin d'aboutir à un accord sur le processus de reconstruction du pays. Les accords de Bonn furent conclus et signés en décembre 2001, prévoyant trois phases pour stabiliser la scène politique afghane : création d'un gouvernement de transition, adoption d'une nouvelle constitution et des élections présidentielles et législatives. Le président, pour la première fois élu au suffrage universel pour une durée de 5 ans, exerça les fonctions de chef de l'État et de gouvernement, mais son pouvoir était largement contrôlé par le Parlement ( La Wolesi djirga peut destituer le président).

Cependant, les objectifs de l'OEF ont évolués puisque la mise en place de la FIAS (Force Internationale d’Assistance à la Sécurité) a redéfini les buts de chacun. L'OEF est principalement composée de soldats américains, et a essentiellement opéré dans l'est, mais aussi dans le sud du pays, c'est à dire dans des zones sensibles. Sa mission évolua et consista aussi en la réalisation d'opérations spéciales et la coordination de la formation de sécurité afghane.


Soldat américain en compagnie d’un enfant afghan. Source : Tribune de Genève

Le 11 août 2003, l'OTAN prit le commandement de la FIAS, créé en décembre 2001 par le conseil de sécurité des Nations Unis. L'action de la FIAS comporte cinq volets successifs : préparation et évaluation de la mission, implantation géographique, stabilisation, transition et redéploiement.

Sur le plan afghan, nous constatons que les armées interviennent de plus en plus. L'enjeu est la restauration de l'ordre intérieur, qui lui-même nécessite une restructuration du système social et politique. Le conflit afghan est donc l'archétype des nouveaux types de guerre pour lesquels l'action des forces terrestres a été redéfinie, puisque les armées interviennent désormais en coopération avec des architectes, ONG, car la victoire militaire seule ne permet plus aujourd'hui de conduire à la paix.

Les forces internationales civiles et militaires s'effacent progressivement au profit de structures politiques, militaires, juridiques et sociales nationales. Le 7 décembre 2004, une force internationale de près de 10 000 hommes était en Afghanistan, s'ajoutant aux 20 000 soldats américains déjà présents.

Reportage : « Papa part à la guerre : d’Annecy à Kaboul, 10 mois avec les soldats français et leurs familles » de zone interdite, M6 :

Première partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9bpkq_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Deuxième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9blgy_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Troisième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9bsbc_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Quatrième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9btf4_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr_news

Cinquième partie :
http://www.dailymotion.com/video/x9btwt_zone-interdite-papa-part-a-la-guerr

A la base, le mandat de la FIAS ne devait assurer la sécurité qu'à Kaboul et ses environs. Mais il a considérablement évolué et au fil des années, certaines zones ont été « annexées ».

Les troupes occidentales, sous mandat de l'OTAN, sont présentes en Afghanistan selon 5 zones :
-La région du nord, sous commandement allemand depuis juillet 2004.
-La région de l'ouest, sous commandement italien depuis juin 2005.
-La région de l'est, sous commandement américain depuis 2006.
-La région du sud, sous commandement canadien depuis juillet 2006.
-La région de la capitale, sous commandement français depuis août 2006.

L'OTAN est désormais en place sur tout le territoire afghan.


Dates d’administration des zones afghanes au commandement de l’OTAN. Source : Diplomatie numéro 23.

Les effectifs de la FIAS étaient d’environ 84 000 hommes pour 42 nations présentes en Afghanistan à la fin du mois de décembre 2009.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 par ENTRAYGUES Olivier

« Le mandat donné à l’ISAF stipule que les autorités afghanes ont la responsabilité de la sécurité du pays. Le rôle de l’ISAF est de se tenir en soutien du Gouvernement, GiROA, en maintenant un environnement sécurisé afin de faciliter la reconstruction du pays et de mettre en place des structures démocratiques. Il s’agit aussi d’appuyer et d’aider à augmenter l’influence du pouvoir central dans les endroits les plus reculés. Dans le cadre sécuritaire, les principales missions militaires de l’ISAF :
-conduire, en coordination avec les ANSF (Afghan National Security Forces), des opérations
de sécurité et de stabilisation ;
-d’appuyer l’Armée Nationale Afghane (ANA) ;
D’appuyer les programmes du gouvernement afghan en vue de désarmer les bandes rebelles ;
-d’appuyer la Police Nationale Afghane (ANP) en lui fournissant des moyens et des capacités ;
-contribuer, à la demande du gouvernement afghan, à des opérations de lutte contre le trafic d’opium. »
Page 340

B. Le passage de témoin

Voyant que le conflit afghan avance désormais plus lentement, les Occidentaux se posèrent des questions au sujet de la suite des interventions occidentales. Trois solutions furent envisagées :

-Rester en Afghanistan. Cela implique forcément un coût matériel, mais aussi un coût humain, puisque l’ont sait que des soldats meurent en Afghanistan. Cependant, il y aurait dans ce pays une certaine stabilité politique : des combats inter-ethnies moins importants et surtout le non retour des talibans dans les villes et au pouvoir. N’en est-il pas de notre devoir de défendre les Droits de l’Homme dans un pays comme l’Afghanistan, où des atrocités furent commises en nombre important sous le joug taliban ?

-Partir d'Afghanistan. Certes, nous n’aurions plus de coûts humains et financiers lourds, mais une chose est presque sûre : les talibans reviendraient au pouvoir, certainement très déterminés. Les talibans pourraient étendre leur influence au Pakistan et agir comme bon leur semblerait. Ils pourraient profiter de cette influence pour renforcer leurs troupes.

-Rester en Afghanistan, pour une durée limitée. Ainsi, la formation de l’ANA se ferait dans l’optique d’une future autonomie des forces de l’ordre afghanes. Cela dans le but, à terme, de voir les Occidentaux partir d’Afghanistan, sans risques de reconquête du pouvoir par les talibans.

La FIAS a désormais pour mission de former l’ANA, ce qui permettrait ensuite d’avoir une armée formée, pouvant faire face à d’éventuels insurgés. Au départ dans une optique d’éradiquer les insurgés et de détruire les bases talibanes, la FIAS est désormais chargée de déployer des équipes d'encadrement et de liaisons opérationnelles auprès des unités de l'Armée Nationale Afghane (ANA) à divers échelons de commandement : petits groupes de sous-officiers ou officiers expérimentés. Les officiers feraient bénéficier de leur expérience à leurs soldats, puis ceux-ci feraient bénéficier de leur enseignement aux soldats de hiérarchie inférieure. Ceci dans le but d’avoir un grand nombre de soldats formés, qui pourront ensuite guider, former et encadrer les soldats des bases où ils seront détachés.

La volonté actuelle est de laisser de plus en plus d’autonomie aux forces de l’ordre afghanes, et à ses institutions plus généralement. Les gouvernements Occidentaux ne souhaitent pas partir d’Afghanistan, ni rester sur certains acquis. Laisser plus d’autonomie aux institutions afghanes est pour eux nécessaire.

Reformer une armée afghane et une police est une mission importante pour les occidentaux (voir ci-dessous). Former l'ANA est important pour que le pays retrouve une sécurité publique. Les occidentaux veulent petit à petit laisser les responsabilités majeures à l'armée afghane. L'Afghanistan a actuellement une armée, mais une armée très peu formée et surtout confrontée au problème de la corruption.

Accident de soldat (Afghanistan), vidéo de Koreus.com : http://www.koreus.com/video/afghanistan-accident-soldat.html . Comme on peut le vir sur cette vidéo, l'Armée Nationale Afghane n'était pas formée, puisque le soldat afghan manque sa cible, puis blesse le soldat américain. La progression des soldats afghans est en bonne voie. Cette vidéo fut tournée en 2005.


Soldats de l’ANA, formés par des soldats occidentaux. Source : Lefigaro.fr

Extrait du livre Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« Depuis le début de l’opération Enduring Freedom, « la lutte contre les Talibans » ne représente que le premier volet de l’action de l’armée américaine en Afghanistan. « La formation de la nouvelle armée afghane » constitue, de manière concomitante, le second axe d’effort de l’engagement des Etats-Unis. L’idée étant qu’à terme la nouvelle armée afghane soit en mesure de prendre à son compte, et avec succès la lutte contre les Talibans. » Page 325

L’ANA peut subir des désertions, puisque certains soldats profitent de leurs nouvelles connaissances militaires enseignées par les Occidentaux pour s’enfuir et certains rejoignent alors les rangs des talibans.

Pourquoi des soldats de l’ANA rejoignent les rangs talibans ? Certains prévoient cette désertion avant, d’autres non. Il faut savoir que les talibans jouirent au début de leur règne (1996-2001) d’un réel soutien populaire. Toute la vie personnelle des gens était surveillée, puisque le « ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice » contrôlait le quotidien de la population.

Mais ce soutien fut très vite terminé en raison de beaucoup de dérives sanglantes. La répression des talibans fut rude. L'application stricte de la « charia » (comme le veulent les talibans) pose de nombreux problèmes. Éthique tout d'abord, puisque celle qu'en ont fait les talibans est très sanglante.

La répression fut rude (photographie ci-dessous), puisque les châtiments corporels furent très fréquents. L'amputation (ablation d'un membre) et la lapidation (jets de cailloux dans la figure par plusieurs personnes sur une enterrée jusqu'au cou) furent parmi les peines appliquées. Les relations sexuelles extraconjugales furent réprimées très sévèrement par 100 coups de fouets, ce qui équivaut à une mise à mort. La diffusion d'idées « non musulmanes » était aussi prohibée et réprimée.

Les homosexuels furent très durement réprimés, et les tortures plus sanglantes, avec notamment comme peine l'écroulement d'un mur sur eux.


Exemple, de répression des talibans : la pendaison. Source : Blog : Changement de société

Le soutien dont les talibans (voir photographie ci-dessous) jouirent dans un premier temps se termina, pour laisser place à l’espérance que les Occidentaux apportaient avec eux. Mais les Occidentaux ravivent les souvenirs des Soviétiques, qui ne purent « résoudre » le problème afghan. Les Occidentaux sont de plus en plus considérés comme des occupants, surtout dans l’est et le sud du pays où l’influence des talibans est la plus forte.


Talibans photographiés pour la propagande. Source : radio-canada.ca

L'enfer afghan, vidéo de France 24 : http://www.youtube.com/watch?v=rmFgLUR-sH4 . Les français progressent qunt à la formation de l'ANA, les frmant en combat de tous types.

C. Une résistance accrue

Les forces de la FIAS sont aujourd'hui confrontées à une hostilité croissante de la population et à une résistance de plus en plus forte dans certaines zones.

Ainsi, les talibans se développent dans certaines zones où seule règne la peur. Ces villes sont situées dans le nord du pays, comme Sangsar, d'où viennent l'actuel chef des talibans Djabal Agha ainsi que son bras droit Zarghaï. Le mollah Omar venait aussi de ce village. Dans ces quartiers, les Occidentaux n’osent pas intervenir. Seuls les talibans et la population sont présents, les attaques ne sont pas rares, les explosions de camions non plus ; les talibans montrent de cette façon leur territoire. Ils en profitent pour imposer leur volonté et taxent les habitants, les commerces, les trafiquants de drogue ou les passages sur la « route1 », route la plus dangereuse d'Afghanistan (carte ci-dessous). Ainsi, certains talibans font fortune et peuvent même se payer des milices privées pour faire ce qu'ils désirent, et donc par ailleurs avoir un pouvoir et surtout une influence grandissante dans ces régions... Il n'est pas rare que des soldats de l’ANA (Armée Nationale Afghane) ou canadiens (le Canada étant en charge de cette zone en Afghanistan) subissent des embuscades non loin de ces régions.


Mise en relief de Sangsar et la « route 1 ». Source : Le Monde

Caméra embarquée avec les solats français en Afghanistan : vidéo enquête et révélations : http://www.youtube.com/watch?v=s7hwqpX-aVo
Les soldats français ou étrangers sont régulièrement confrontés à des situations danereuses, où ils ne savent de quelle colline viennent les tirs.

Plusieurs facteurs expliquent cette discréditation actuelle :

-La coalition est présente depuis 2001, 9 ans déjà, et engage énormément de moyens militaires. Mais depuis quelques années, la stabilité du pays a été ébranlée par une résurgence du mouvement insurgé. Ainsi, les forces occidentales se sont retrouvées confrontées à un ennemi qu’elles n’arrivent pas à saisir, la force principale des insurgés étant une connaissance du terrain beaucoup plus approfondie. Aussi, les talibans parviennent à avoir le soutien de certaines populations, celles-ci fatiguées de toutes ces guerres et n’aspirant qu’à deux choses : la paix et la prospérité.

-De nombreuses opérations ont entaché l’image de la force (photographie ci-dessous), puisque les différents dommages collatéraux des occidentaux ( des morts civils dus aux bombardements nécessaires pour déloger les talibans par exemple ) sont en permanence utilisés par les insurgés pour lever la population contre le gouvernement et la coalition, jugés incompétents pour défendre leurs intérêts et ainsi rattacher les paysans à la cause des talibans. Pour lutter contre ce phénomène de discréditation de la part des insurgés, les dernières directives sont très claires : il est primordial de réaliser un targeting ( ciblage ) précis afin de ne pas subir de revers de la part des talibans. Toute mort civile est un poids qui retarde le processus de stabilisation du pays.


Conséquences d’un raid de l’OTAN ayant blessé des civils. Source : Pro-americain (forum francophone sur les Etats-Unis).-

-Malgré les moyens financiers colossaux engagés en Afghanistan, la population se lève contre le gouvernement en montrant leur incapacité dans le domaine de la gestion des finances publiques. La corruption, fléau ancré dans tous les rouages de l’administration, est très contre-productif. Les paysans se demandent où passent les milliards de dollars engagés pour la lutte contre les insurgés… A ce titre, un des points clés est de déployer les moyens là où le besoin s’en fait le plus ressentir, c'est-à-dire en aidant directement les paysans en leur fournissant du matériel, de l’aide, tout en assurant une gestion claire et nette des finances.

Il est donc nécessaire de déployer les moyens là où ils seront visibles aux yeux de la population : c'est-à-dire directement aux paysans. Les talibans jouissent d’un soutien grandissant de la part de la population puisqu’ils possèdent finalement des « preuves » de leur engagement national (puisque le peuple est bombardé, il se rallie aux talibans). A ce titre, des directives claires ont été prises et les occidentaux font très attention à ne pas laisser de « faille » dans leur dispositif, pouvant leur être fatal postérieurement.

Pour de nombreux Afghans, la coalition est montrée du doigt comme incapable d’éradiquer le mouvement des insurgés à l’instar des forces Russes qui ont peiné contre les Moudjahidines. A ce titre, c’est toute la communauté internationale qui est discréditée. C’est réellement en 2005 que celle-ci s’est rendue compte de la gravité de la détérioration de la situation. Les opérations des occidentaux aux zones frontalières pakistano-afghanes doivent se poursuivre afin de limiter l’influence des talibans au Pakistan.

Depuis 2005, les embuscades et les attentats suicides se multiplient contre les armées étrangères et afghanes. En 2007, les attentats à la bombe ont doublé. Les attentats suicides ont fait plus de victimes en 2007 qu’en 2006 (1730 personnes en 2007 contre 1166 en 2006), selon l’agence de presse privée afghane Pajhwok apud . Le retour progressif des islamistes en Afghanistan déstabilise le pouvoir en place et les forces internationales. Les violences répétées touchent particulièrement le sud et l’est du pays.

Afghanistan jihad embuscade 2008, vidéo de Dailymotion : http://www.dailymotion.com/video/x8u0hq_afghanistan-jihad-embuscade-2008_news .
Les menaces encourues par les Occidentaux sont grandes, commeon le voit sur cette vidéo, où un hummer est attaqué par un lance-roquette.

Les insurgés mènent des actions qui ciblent l’opinion publique des pays engagés en Afghanistan, afin de provoquer des réactions de la population des pays Occidentaux, et les talibans espèrent un retrait des troupes Occidentales. Les insurgés prennent le pari que les forces internationales ne pourront pas endurer un engagement à long terme et forceront le retrait de leurs troupes.

Dans cette perspective, les insurgés utilisent des engins explosifs improvisés (IED), au nombre de 83 explosions en 2003, 1370 en 2006, conduisent des attentats suicides et recourent fréquemment à l’assassinat. Leur stratégie est simple : constituer de petits groupes discrets et mobiles, en organisant des embuscades en milieu urbain. Ils s’attaquent aux soldats étrangers, mais aussi aux membres des ONG, et aux Afghans soupçonnés de collaboration avec les forces internationales. Les IED (Engins Explosifs Improvisés, voir photo ci-dessous) sont très redoutés par les Occidentaux, puisqu’ils sont activés à distance et explosent sur les routes, ce qui rend le travail des Occidentaux encore plus difficile et lent.


Destruction d’un véhicule à l’aide d’un IED (Engins explosifs improvisés). Source : LeJDD.fr

Afin de faire pression sur les Occidentaux et ainsi montrer leur contestation et leur lutte, les talibans s’attaquent désormais au personnel des ONG… Un des objectifs actuels des talibans consiste à empêcher l’aide humanitaire d’arriver dans les zones les plus reculées. En 2008, environ 150 missions humanitaires et de développement on été attaquées, et selon la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), plus de 30 humanitaires ont été assassinés et 92 kidnappés, 75% des victimes sont des civils afghans.

Deux humanitaires français enlevés en Afghanistan, vidéo de France 24 : http://www.france24.com/fr/20080718-humanitaire-afghanistan-enlevement-acf-action-contre-faim-kaboul-enleves . Comme on le voit sur cette vidéo, les talibans n'hésitent pas à kidnapper des membres d'ONG afin d'avoir une rançon, ou de faire pression sur l'opinion des pays Occidentaux.

Depuis septembre 2008, le chef d’état-major du Pentagone a ordonné de combattre les islamistes des deux côtés de la frontière afghano-pakistanaise afin d’éradiquer les bases arrière des insurgés afghans.

La légitime défense a cédé le pas à l’offensive, en vertu d’une règle militaire selon laquelle une insurrection disposant d’un sanctuaire est imbattable. Le président G.Bush a autorisé en juillet 2008 l’armée américaine à intervenir dans les zones tribales (circonscription administrative correspondant à une région semi autonome fédérée), sans l’accord d’Islamabad, pourtant allié de Washington. Depuis 2001, les talibans ont annexé ces zones tribales (voir carte ci-dessous) à leur aire d’influence en tuant près de 150 chefs tribaux locaux qui s’opposaient à leur emprise. Les tribus présentes dans ces zones tribales se radicalisent et certains se rallient aux talibans.


Zones tribales à la frontière afghano-pakistannaise. Source : Réseau Euro-Méditerrannéen Social Ecologique Démocratique Altermondialiste.

Extrait de Afghanistan 1979-2009 de ENTRAYGUES Olivier

« La situation en Afghanistan continue à se détériorer. L’insurrection conduite par les Talibans conserve la maitrise de l’initiative stratégique et la Coalition internationale manque d’une direction claire. L’insurrection a entamé une poussée significative en consolidant ses positions dans le Sud puis l’Est du pays tout en sécurisant son sanctuaire pakistanais et en ouvrant de nouveaux fronts dans le Nord du pays. La situation autour de Kaboul est difficile à apprécier. Les chefs talibans sont maintenant convaincus que la Coalition internationale va bientôt être obligée d’accepter l’idée que la situation sur le terrain conduira à abandonner l’Afghanistan dans très peu d’années. » Page 221.

Les talibans sont des interlocuteurs incontournables du jeu politique, puisque ces islamistes radicaux ont tissé des liens au sein de l’armée et des services secrets pakistanais (ISI), lors de la guerre antisoviétique, ce qui rend le travail des occidentaux plus difficile, confrontés une fois de plus au problème de la corruption.

Depuis l’élection du nouveau président américain Barack Obama, la guerre à la frontière afghano-pakistanaise est l’axe principal de la stratégie du Pentagone puisque 30 000 hommes sont déployés graduellement en Afghanistan, dans l’intention d’agir des deux côtés de la frontière.

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