mercredi 3 mars 2010

Interview du commandant GODINI Bernard

Actuellement Chef d'escadron (Commandant) au 93ème régiment d'artillerie de montagne situé à Varces (38).

MISSIONS

- LIBAN en 1988-1989 au sein de la FINUL
- ARABIE SAOUDITE en 1991 au sein de l'EMIA (état-major interarmées)
- YOUGOSLAVIE en 1997 à l'état-major du régiment de commandement et de soutien de Mostar
- KOSOVO en 2002-2003 comme officier opérations au sein du BIMECA (bataillon d'infanterie mécanisé) de Mitrovica
- DJIBOUTI en 2005 comme officier opérations et CIMIC (action civilo militaire) du 5ème RIAOM (régiment interarmes Outre-mer)
- AFGHANISTAN en 2007 comme conseiller à l'école d'état-major de Kaboul CGSC (command and general staff college)
- TCHAD en 2008 comme chef du détachement français de Faya largeau dans la zone désertique du nord du Tchad
- AFGHANISTAN 2009-2010 (actuellement) à l'OMLT (operational mentoring liaison team) comme conseiller auprès des forces Afghanes.
- Missions temporaires dans différents pays comme l'Espagne, l'Egypte, l'Italie.

Quelle est la situation en Afghanistan ?

La crise afghane doit être réglée sur le plan régional. Tout d’abord, le Pakistan se trouve actuellement engagé dans une lutte contre des Taliban et une sécurisation des zones refuges (zones tribales).

Par la suite, les pays voisins ont un rôle à jouer pour assurer une stabilité régionale.
Enfin, il est nécessaire de lutter (sur le plan international) contre le terrorisme et toutes formes de trafic mafieux (drogue en particulier).

Quels sont les objectifs en Afghanistan ?

Les objectifs peuvent être définis comme suit :
Avec le gouvernement légitime, l’Afghanistan doit retrouver la totale confiance de la population en s’appuyant sur des leviers identifiés comme la police, l’armée qui doivent permettre d’instaurer une stabilité.
La population est le levier. L’Afghan demande la stabilité intérieure et le développement économique. A ce jour, la contribution internationale joue dans ce sens. Les forces de la coalition sont présentes aux côtés des Afghans pour instaurer la sécurité et de très nombreuses actions sont entreprises afin de financer le développement économique du pays.

Pourquoi une intervention en Afghanistan ?

L’ISAF (International Security Assistance Force) est mandatée par la résolution 1386 du conseil de sécurité des nations unies du 20 décembre 2001 autorisant le déploiement d’une force dans le but de stabiliser le pays.
Il s’agit bien entendu, en liaison avec les autorités Afghanes, de lutter contre tous types d’insurrection
Les motivations de l'insurrection sont diverses : religieuses, politiques, tribales, mafieuses etc.
Un autre point est à souligner, la lutte contre la corruption véritable fléau.

Un changement de stratégie ?

La situation sécuritaire s’est dégradée.
L’insurrection est bien présente. La coalition est confrontée à un ennemi qui lui porte de sérieux coups. Les revers subis par la coalition renforce les insurgés et laisse quelques doutes vis-à-vis des Afghans.
La population ne voit aucune amélioration. L’insécurité est présente à chaque coins de rues, la corruption bat son plein et la coalition peine face à un ennemi insaisissable.

Que faire ?

L’option choisie est la stratégie de contre-insurrection.
Apporter un soutien aux autorités Afghanes afin qu’elles soient totalement impliquées dans les affaires du pays.

Développer le pays (effort de reconstruction)

La contre-insurrection est déclinée en six étapes cruciales

• Reprendre l'initiative sur les insurgés, c'est-à-dire gagner les cœurs. Il faut lutter afin que la population se range aux côtés du gouvernement.
• Croissance rapide des forces de sécurité. Il est nécessaire d’accroitre les forces de sécurité afin de pouvoir quadriller le territoire. Il ne faut pas seulement tenir que les villes et les axes. Il faut aller sur l’ensemble du terrain. Le taliban chassé d’une vallée se réfugie dans la voisine.
• Améliorer l'efficacité des forces nationales de sécurité. Former les forces nationales de sécurité (ANP afghan national police / ANA afghan national army), les équiper, les entraîner, les encadrer.
• Aider le gouvernement à assumer ses tâches. Responsabilité, cohérence, compétence.
• Lutter contre la corruption, les différents trafics. La drogue alimente de nombreux autres trafics tel que l’armement. 90 % de l'opium mondial vient d'Afghanistan. Chaque année, 900 t d'opium et 375 t d'héroïne sortent clandestinement d'Afghanistan. Environ 40 % de l'héroïne afghane (soit 150 tonnes) passe clandestinement au Pakistan, à peu près 30 % (105 t) en République islamique d'Iran et 25 % (100 t) en Asie centrale.
. Affecter les ressources où cela est nécessaire. 24 millions d'habitants sur un territoire grand comme la France et la Belgique, il est rationnel de concentrer les ressources civiles et militaires là où elles auront le plus grand impact sur la population.


Commandant GODINI Bernard prenant un repas avec la population afghane (premier militaire à gauche)

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